Doura-Europos : l’architecture de briques crues, la maison romaine et le temple de Bêl
Présentation du site
Doura-Europos sur l’Euphrate se trouve au sud-est de la Syrie, à proximité de l’actuelle frontière avec l’Irak. La ville, d’un peu plus de 60 ha et localisée sur un point de passage de l’Euphrate, était une étape sur les voies qui menaient d’est en ouest. Elle aurait été fondée par Séleucos Ier, occupée par les Parthes vers 113 av. J.-C., puis par les Romains vers 165 ap. J.-C., avant de périr sous les coups des Sassanides vers 260. La ville aurait, à l’origine, été une forteresse militaire de dimensions plus restreintes.
De 1993 à 2000, M. Gelin a mené une étude sur l’architecture en briques crues de la ville, en recherchant quels pouvaient en être les apports à l’histoire et à l’évolution de l’urbanisme de la ville. Ce travail a également intégré des études ethnologiques et de l’archéologie expérimentale afin de restituer les chantiers antiques et de permettre la préservation des vestiges.
De manière générale, M. Gelin a assumé la responsabilité de la préservation et de la restauration des vestiges en briques crues sur l’ensemble du site, et a participé à la restauration de monuments majeurs tels la maison chrétienne ou le glacis de la porte principale de la ville (voir également le temple de Bêl et la maison romaine, ci-dessous).
Les résultats du programme MEDA
Les résultats montrent que l’architecture de terre, au même titre que celle de pierre, apporte de nombreuses informations sur un monument et sur son insertion dans le tissu urbain. Plusieurs phases d’urbanisme ont pu être découvertes et des monuments, parfois séparés géographiquement dans le site ou jusqu’alors non associés chronologiquement, ont pu être rattachés à une même phase d’édification. Cette étude a permis de découvrir les différentes étapes de construction de la partie en briques crues du rempart occidental ainsi que différents programmes de renfort et d’aménagement de l’ensemble des fortifications. De la sorte, c’est l’histoire de la ville et de son évolution qui est approfondie.
Dans le cadre du programme européo-syrien MEDA de formation des cadres de la DGAMS à la préservation du patrimoine, qui s’est déroulé de 2002 à 2004, une maison romaine a été reconstruite sur d’anciennes fondations, afin servir de lieu d’accueil des touristes et de petit musée de site. Bâtie sur d’anciennes fondations, la maison a été construite selon les techniques de l’antiquité et avec les matériaux d’origine (architecte Étienne Léna).
La collaboration de M. Gelin, outre la gestion du programme sur le terrain, a concerné la stabilisation des fondations du bâtiment ; elle s’est également traduite par un conseil et une expertise pour la construction en briques crues et, en 2005, par la participation à la mise en place des salles du musée pour son inauguration.
Dans le cadre du programme MEDA, M. Gelin a assumé la responsabilité de l’étude et de la restauration du temple de Bêl. Il se situe dans l’angle nord-ouest de la ville ; il est le premier monument à avoir été dégagé par les anciennes missions et a révélé de belles peintures murales, dont le sacrifice de Conon conservé au musée de Damas.
Les premiers résultats de l’étude archéologique font apparaître diverses étapes antérieures au temple. En effet, la construction des fortifications à l’époque hellénistique (vers le milieu du IIe s. av. J.-C.) a connu plusieurs remaniements, au cours desquels des changements de tracés ont été opérés.
Au début de l’époque parthe, l’ensemble du secteur était utilisé à des fins artisanales (plusieurs fours ont été retrouvés), et le rempart a été en partie restauré.
Enfin, le temple lui-même remonterait au milieu de l’époque parthe et a connu au moins deux grandes phases de construction. Il a perduré jusqu’à la période romaine.
L’étude archéologique du temple n’était pas achevée en 2011. Les consolidations et restaurations ont principalement concerné le pronaos, les colonnes du portique ouest, la porte et les bases de murs de la salle qui contenait les peintures “des dieux palmyréniens”, ainsi que de nombreux murs, banquettes, sols et enduits. La restauration cependant demeure inachevée.
Bibliographie
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