Tell Sakan : Egypte et Levant au III° millénaire
Tell es-Sakan est un établissement de plus de 5 hectares situé à 5 kilomètres au sud de la ville de Gaza. Occupé de 3300 à 2350 av. J.-C. environ, c’est le seul site de l’Age du Bronze ancien actuellement connu dans la bande de Gaza (P. de Miroschedji). Le site a fait l’objet d’une brève campagne de sondages en 1999 et d’une campagne de fouilles en 2000 grâce à un financement du Ministère des Affaires Étrangères et du Programme des Nations Unies pour le Développement. Les fouilles ont porté sur une superficie d’environ 1400 m2 et concerné trois chantiers. Elles ont révélé deux grandes phases d’occupation : la première, représentée par les niveaux de base au chantier A, correspond à un établissement égyptien datant de l’époque protodynastique/Bronze ancien IB (fin du IVe millénaire), tandis que la seconde, illustrée par les niveaux moyens et supérieurs des chantiers C et B, correspond à un établissement cananéen du IIIe millénaire.
Les restes de construction et la quasi-totalité du mobilier archéologique mis au jour sur le chantier A sont typiques de la vallée du Nil vers 3200-3000 av. J.-C. L’importance de l’établissement de cette époque est indiquée par une découverte exceptionnelle : celle des fortifications du site, représentées par deux puissantes murailles en brique crue édifiées successivement. Tell es-Sakan est ainsi le plus ancien site fortifié actuellement connu pour l’Égypte et en Palestine. Cette découverte suggère que Tell es-Sakan était à cette époque le centre administratif des colonies égyptiennes établies au sud-ouest de la Palestine. Après quelques siècles d’abandon et la disparition du domaine colonial égyptien, le site a été réoccupé au Bronze ancien III (vers 2650-2300), mais cette fois par une population locale. Un nouveau rempart en brique crue a alors été construit, composé d’une puissante muraille précédée d’un glacis. Il protégeait un établissement urbain dont les fouilles des chantiers C et B ont révélé des vestiges, avec un mobilier archéologique dont les caractères trahissent à la fois un fort particularisme local et des liens étroits avec les sites de la Palestine intérieure. Comme tous les sites urbains de Palestine, Tell es-Sakan a ensuite été abandonné et la région est retournée pour quelques siècles au pastoralisme nomade. Ces pasteurs se sont sédentarisés à nouveau vers 1800 av. J.-C., mais cette fois sur un site voisin, Tell el-Ajjul, distant d’environ 500 mètres, et appelé à une grande prospérité au IIe millénaire.