Les industries lithiques : systèmes techniques, trajectoires sociales et culturelles

Responsables : Raphaël AngevinLaurence Astruc

Le présent axe de recherche se propose d’éclairer les mécanismes socioéconomiques conduisant du village à l’état au Proche et Moyen-Orient entre le VIIe et le IIIe millénaires à travers l’analyse des industries lithiques en silex et obsidienne. D’un point de vue méthodologique, la démarche technologique et fonctionnelle reste le socle de ce thème : elle ouvre sur les pratiques artisanales et les modes de vie des sociétés villageoises et proto-urbaines, tels qu’on peut les percevoir à travers la fabrication et l’usage des outillages domestiques et agricoles, des armes de chasse ou de l’arsenal militaire. Par l’examen minutieux des connaissances et des savoir-faire engagés dans ces productions, elle nous permet, dans une visée historique, de mettre en lumière la manière dont les habitus se transforment au cours des grands moments d’unité technique et économique, mais également de caractériser les traditions à l’empreinte spatiale plus réduite, à travers leurs originalités et leurs spécificités culturelles.

Au regard de la faible sensibilité évolutive des outillages en pierre et pour répondre au projet d’histoire totale qui fonde l’épistémologie de notre équipe, il est donc apparu souhaitable que nos études ne respectent pas les unités de temps retenues communément et privilégient le temps long, de façon à prendre correctement la mesure des phénomènes dont nous avions à rendre compte. Pour des raisons qui tiennent à l’ampleur des mouvements qui s’opèrent tout au long du Néolithique, du Chalcolithique et de l’âge du Bronze, il convenait également de libérer les unités de lieu mobilisées : l’arrière-plan de nos travaux s’esquisse ainsi sur de nombreux sites, de la vallée du Nil jusqu’à l’Iran, en passant par le Levant, la Méditerranée orientale et le Monde égéen, le désert de Jordanie, l’Anatolie et le monde mésopotamien. Derrière la caractérisation des techniques et sa dimension parfois trop narrative, notre ambition reste finalement de recueillir des éléments de réponse supplémentaires aux grands questionnements sur la période, décisive par bien des aspects tant elle traduit une mutation manifeste des modes de production économique et des formes d’organisation sociale (spécialisation des activités artisanales, concentration des forces vives dans des ateliers, instauration d’économies de redistribution, développement des échanges interrégionaux et « globalisations » techniques), dans un processus irréversible qui conduit à l’émergence de l’État.

Institutions partenaires
  • Musée du Louvre (Paris), Musée d’Archéologie nationale (Saint-Germain-en-Laye), British Museum (Londres), Ashmolean Museum (Oxford), Oriental Institute (Chicago), Penn Museum (University of Pennsylvania, Philadelphie), Deutsches Archäologisches Institut (Berlin), Institut français d’études anatoliennes (Ifea, Istanbul), Institut français d’Archéologie orientale (Ifao, Le Caire), Centre franco-égyptien d’étude des temples de Karnak (Cfeetk, Louxor), Ministère des Antiquités d’Égypte, Institut français du Proche-Orient (Ifpo, Amman-Beyrouth-Erbil), Services des Antiquités de la région autonome du Kurdistan d’Irak (Erbil et Souleymanieh), École biblique et archéologique française (Jérusalem), Service des Antiquités d’Israël.
  • Missions archéologiques impliquées (VEPMO) : Khirokitia (Chypre), Mari (Syrie), Qara Dagh (Kurdistan d’Irak), Tell el-Fâr’ah (Territoires autonomes palestiniens).
  • Missions archéologiques partenaires : Bash Tapa (Kurdistan d’Irak, Umr 7192, Collège de France), Cour du Xe Pylône à Karnak (Usr 3172, Centre franco-égyptien d’étude des temples de Karnak, fondation Shelby-White and Leon Levy de l’université de Harvard).
  • Membres d’ArScAn-VEPMO : Raphaël Angevin, Laurence Astruc

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