Trajectoire

Fondation et composition

En 1999, ArScAn fut créée en tant qu’unité mixte de recherche (UMR 7041) avec pour tutelles le CNRS et deux universités (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Université Paris Nanterre). En 2005, s’y ajoutèrent le Ministère de la Culture, et l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Progressivement, d’autres équipes furent créées (comme l’équipe Archéologie de la Gaule et du Monde Antique, en 1999, et l’équipe Archéologie environnementale, en 2000) ou rejoignirent ArScAn (l’équipe Textes, histoire et monuments de l’Antiquité au Moyen Âge et le LIMC, équipe créée dans la dynamique du projet éponyme Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicæ). La structure interne de la nouvelle UMR ArScAn fut donc un héritage autant qu’un choix : dès sa création, les équipes constituantes voulurent garder leur identité scientifique tout en collaborant à des programmes communs.

Autonomie et coordination

Organisation

L’organisation interne respecta donc la volonté d’autonomie des différentes équipes, mais on mit en place les thèmes transversaux. Enfin, fut créé en 2008 un programme né d’une convention particulière avec le Ministère de la Culture, le programme partagé Archéologie du Bassin parisien. Ce programme, devenu aujourd’hui ArchéoFab, s’est largement développé sous la forme d’un consortium de l’IR* Huma-Num Projets Time Machine, permettant de fédérer à la fois, au sein des équipes d’ArScAn, mais aussi à l’échelle nationale et internationale, des communautés d’acteurs autour des pratiques de la géohistoire.

Évolution

Durant la décennie 2012-2022, plusieurs mouvements d’équipes ont abouti à une recomposition, fondée sur des spécialités chronologiques bien identifiables. Les spécialistes de la protohistoire européenne ont fondé en 2012 un laboratoire nommé Trajectoires (UMR 8215), qui, en 2020, a quitté la Maison de Nanterre en même temps que le laboratoire d’Archéologie des Amériques (UMR 8096). Parmi les préhistoriens, l’Ethnologie préhistorique, a quitté ArScAn en 2022 pour se fondre, avec une autre école de technologie préhistorique, dans un laboratoire de préhistoire nommé TEMPS (UMR 8068). Des historiens de l’Antiquité et du Moyen Âge de l’université Paris 8 Vincennes Saint-Denis ont rejoint des équipes d’ArScAn en 2020 en fonction de leurs affinités thématiques. En 2022, l’équipe TranSphères, créée en 2019, trop faible numériquement, a rejoint l’équipe GAMA en janvier 2023. D’autres évolutions dans la cartographie générale des équipes sont annoncées avec, par exemple, la fusion – prévue pour le début de l’année 2024 – des équipes Archéologie des mondes grecs archaïques et classiques avec l’équipe Archéologie du monde grec et systèmes d’information, pour ne plus former qu’une seule équipe.

Des 18 équipes qui composaient l’UMR en 1999, il n’en reste que 10 à l’approche du quinquennal à venir, quatre de moins qu’en 2022. Ces évolutions montrent toute la vigueur des débats et des dynamiques qui se déploient au sein de notre Unité, ainsi que les capacités d’adaptation permanente dont ArScAn sait faire preuve et dont la diversité reste l’une des plus grandes richesses.

Les comités d’experts de l’HCERES ont souvent souligné le caractère « fédéral » de notre laboratoire. La diversité des pratiques, des problématiques, des terrains et des méthodologies agit comme des catalyseurs de regroupement au sein des équipes, comme le montrent la riche bibliographie, la captation de ressources et la forte dynamique scientifique propres à chaque équipe. Le nombre des équipes a fluctué et les thèmes transversaux ou encore les projets collectifs ont limité la dispersion, en accentuant l’interaction et a cohésion des équipes entre elles. L’évolution récente et les trajectoires individuelles annoncées par chaque équipe ainsi que l’initiative de l’actuelle équipe de direction permettent de penser que cette évolution se poursuivra dans les années à venir. Les prochaines lignes essayeront de le démontrer.

Les perspectives de 2017 inscrivaient le laboratoire et son action dans une orientation patrimoniale, apportant une contribution notable à la connaissance du patrimoine à travers l’étude et la constitution des corpora que nous produisons. Une attention particulière était accordée à leur préservation par le biais de la production et la publication de données, la numérisation et modélisation 3D, le tout mené dans le souci de la protection du patrimoine, surtout lorsqu’il s’agit de celui des pays en guerre, où notre UMR a déployé ses chantiers et missions. Pour mener ses actions à bien, le laboratoire s’appuyait sur la collaboration avec d’autres laboratoires et sur le réseau des Instituts français de recherche à l’étranger, des Écoles françaises à l’étranger, de l’Europe, des LabEX, à travers des appels à projets, collaborations dont le bilan rend bien compte. En interne, l’unité de notre UMR s’affirmait sur une culture technique commune ainsi que sur des outils et des plateformes techniques mutualisés.

Forts de ces acquis, nous souhaitons approfondir ces objectifs et en établir d’autres pour l’avenir :

  • Un renforcement des activités et productions communes :
  • en multipliant les manifestations communes : bilans et productions scientifiques
  • en assurant la confluence vers les Axes thématiques : constituer une pépinière de projets d’envergure
  • en augmentant les productions d’ArScAn : livrables, bases de données, publications
  • en créant d’une cellule interne pour soutenir, encadrer et accompagner les réponses à appels à projet
  • La multiplication de partenariats :
  • au niveau local, national et international
  • en développant la plateforme pour les prospections géophysiques
  • Une formation des doctorants de l’Unité plus autonome
  • Le renforcement de la Science ouverte et du partage de données par la validation d’une charte

**************************************

Les équipes ont conçu leur propre trajectoire après avoir pris part à une réflexion collective, à l’occasion d’un séminaire qui avait réuni la direction, la secrétaire générale gestionnaire et les responsables de chacune des équipes. Le séminaire s’est tenu à la Maison Jean Monnet, à Bazoches-sur-Guyonne, les 15-16 octobre 2022, et s’est poursuivi le 28 novembre de la même année et le 9 janvier 2023. Ces cinq journées ont permis de définir une nouvelle gouvernance scientifique (ainsi que pratique) au sein d’ArScAn. « Le laboratoire est en tout cas top grand pour se passer d’une structure en équipes » lisait-on dans le projet scientifique de 2017. Un fonctionnement pratique toujours par équipes autonomes, d’une part, et la définition de 4 axes thématiques qui émanent des habitudes, des thématiques et des ambitions prospectives, des paradigmes scientifiques et des méthodologies, d’autre part. Ce dispositif par Axes devrait servir de pépinière de futurs projets de l’unité, à la définition de programmes scientifiques (et son corollaire, à la recherche de financement). Ces axes se déclineront en actions regroupées autour de thématiques prospectives.

En 2017 et 2018, une profonde refondation des Projets Collectifs (PCs) a été opérée afin d’impulser du dynamisme à ce versant des activités de notre UMR. Quatre des onze Projets collectifs du quinquennal 2013-2018 ont été clôturés, car terminés en 2017. Huit autres ont été reconduits avec une reconfiguration importante du PC « Construire l’espace ». Quatre nouveaux projets ont été proposés. Ainsi, six PCs ont été identifiés.

Afin de permettre un meilleur affichage des problématiques scientifiques abordés dans les Projets collectifs, 4 axes ou thématiques englobantes avaient été définis au cours de réunions plénières. Chacun ’de ces axes regroupe plusieurs PCs. ’Les quatre axes qui ont ainsi été définis sont :

  • Penser et échanger l’archéologie
  • Construire l’espace
  • Appropriation
  • Étudier la matérialité

Ces thématiques se sont avérées fortement structurantes et ont permis la construction d’axes proposés en 2023 dans la Trajectoire.

Les Projets collectifs, regroupés selon ces thématiques, ont développé plusieurs sujets :

  • Penser et échanger l’archéologie

À quoi sert l’archéologie? (responsables B Valentin, H. Procopiou). Les contextes économiques, culturels et politiques, tout autant que l’impact de leurs interventions et l’éthique des pratiques auxquels sont confrontés les archéologues, les ont amenés à s’interroger sur le statut et la position de leur profession. La réflexion a été menée à travers un séminaire et des manifestations, comme la tenue d’un colloque en 2018 ayant pour thème « L’Éthique en archéologie », dont les Actes ont été proposés à la revue Bioéthique Online (devenue, depuis 2018, Revue canadienne de bioéthique).

L’archéologie dans les Humanités numériques (ArchéoNum) (responsables A.-V. Szabados, V. Fromageot-Laniepce, M. Linlaud). Espace d’échanges et de partage d’expérience, ce programme était consacré aux méthodes et pratiques actuelles relatives à l’acquisition, au traitement, à l’interopérabilité, à la préservation et à la réutilisation de données de l’archéologie et du patrimoine (données primaires, image, texte…), ainsi qu’à la modélisation de la connaissance (standards, métadonnées, web sémantique) et à l’open data.

Épistémologie de l’archéologie (responsables S. A. de Beaune, L. Fontana). Il s’agissait de promouvoir le partage de vue et d’expérience des chercheurs sur leur(s) discipline(s) et leurs pratiques. Quatre thèmes ont été privilégiés : l’étude des techniques ; la relation entre sources textuelles et archéologiques ; la perception des systèmes économiques anciens ; l’impact des théories de la diffusion et des migrations sur les pratiques de recherche.

Fait urbain (responsables B. Desachy, E. Cavana, J. Avinain, D. Chaoui-Derieux). Le projet visait à ouvrir un espace de discussion sur des problèmes scientifiques, méthodologiques ou conceptuels rencontrés par les chercheurs dans leurs programmes. Les interventions, à dimension générale, portaient sur l’une des trois échelles de l’étude urbaine (lieu – opération archéologique – ; aire – entité urbaine – ; réseau) ou sur la dimension conceptuelle et de fabrication du projet de recherche.

  • Construire l’espace

Ruralités (responsables A. Nissen, G. Huitorel). Le projet s’intéressait à l’organisation spatiale des sites ruraux, à leur insertion dans l’environnement naturel et culturel et à leur place dans l’aménagement des territoires. En combinant les approches de l’analyse spatiale (morphogenèse, archéogéographie…), ont été examinées les corrélations établies entre les éléments structurants des habitats (en particulier des lieux centraux et de pouvoir), les composants de ces établissements et les données du paysage avec lesquels ils étaient connectés.

Les palais de l’Âge du Bronze en Égée et en Orient (responsable F. Rougemont). Aux IIIe et IIe millénaires, de la mer Égée à l’Iran et l’Asie centrale, de nombreux bâtiments interprétés, en raison de leur taille ou leur originalité, comme des « palais » ont été attestés, comme autant de centres de pouvoir, des lieux de contrôle, d’importants stockages, ou des centres d’archives. Leur étude est souvent restée trop cloisonnée à des zones particulières trop étroites (la Crète, le monde hittite, la Mésopotamie…). Le programme visait à partager les données à une échelle beaucoup plus large, et à décloisonner les approches épigraphique et archéologique. Les participants se sont donné pour but de travailler dans une double optique de collaboration entre archéologues et épigraphistes d’une part, entre spécialistes du monde égéen et spécialistes de différentes régions de l’Orient, d’autre part.

Cultures et territoires de l’Arabie ancienne (responsables P.-M. Blanc, M. Gelin). L’archéologie de l’Arabie de l’Est s’est progressivement développée depuis les années 1950. Celle de l’Arabie du Sud-Ouest s’est épanouie de 1970 à 2010. Grâce à l’ouverture inattendue des recherches de terrain en Arabie Saoudite, il y a dix ans, et à son essor exceptionnel, il devenait possible de jalonner la connaissance du peuplement de la péninsule arabique dans sa globalité, notamment au Ier millénaire av. J.-C. et au Ier millénaire apr. J.-C. ArScAn, qui se trouve au cœur d’une dizaine de programmes majeurs de terrain dans toutes les régions de l’Arabie, dans des îles en mer Rouge et dans le Golfe, continue à travailler, grâce à ce programme, à l’établissement d’une chronologie générale, sur la question des courants d’échange et des grandes tendances du peuplement.

Achemenet (responsable D. Agut). La plateforme scientifique en ligne, éponyme, créée par Pierre Briand et alimentée au Collège de France pendant deux décennies, est désormais pilotée par ArScAn, après un bref passage par le Louvre. Grâce à un réseau international qui en fait un programme leader au niveau mondial pour les études achéménides, Achemenet fournit des données abondantes et de première main – documents de nature textuelle, archéologique et iconographique – relatives à l’empire achéménide. Le projet associe des intervenants d’ArScAn et de l’extérieur, lors des journées consacrées au partage et au contrôle des données ainsi qu’aux initiatives nouvelles pour ce site web.

Lieux et espaces funéraires (responsables B. Boissavit-Camus, K. Chryssanthaki, O. de Cazanove). Il s’agissait d’aborder les logiques socio-spatiales des sites attribués aux défunts. L’examen des critères interprétatifs et des relations avec d’autres fonctionnalités, comme le sacré ou l’habitat, situées de façon plus ou moins proche dans l’espace ou dans le temps, visait à comparer les choix et les configurations en matière de localisation ou d’habitus.

  1. Appropriation

RED – Rouge ; Étude diachronique (responsables M. Buratti, M. Ballinger). RED s’était donné pour ambition de documenter l’attachement à la couleur rouge dans les productions symboliques du passé et dans le monde ’actuel, en engageant un dialogue avec des spécialistes de la couleur : des scientifiques (sciences humaines et sciences dites « dures »), des artistes contemporains, des conservateurs et des producteurs de couleur. La mobilisation croisée des compétences, des recherches et des créations des spécialistes de champs très variés constituait ’un avantage, susceptible de faire progresser une réflexion autour de la couleur rouge et d’apporter une dynamique nouvelle dans la compréhension des productions symboliques et artistiques du passé.

Représenter la performance (responsables E. Prioux, C. Moatti). L’essor des performance studies au cours des dernières décennies a permis de renouveler l’étude des spectacles antiques, en remettant notamment en cause le primat du texte. Il a conduit à explorer la dimension spectaculaire de nombreuses manifestations politiques, rituelles ou culturelles. Le développement récent des travaux sur les émotions et les perceptions des Anciens prolongeait ces investigations en les faisant porter sur l’activité physique ou mentale des membres du public comme participants à la performance. Le programme a contribué à cette réflexion, en se penchant sur la représentation de la performance dans les textes et les arts figurés. On s’est appuyé sur tous les témoignages antiques en lien avec les performances poétiques, musicales, dramatiques, dansées, mais également rituelles et politiques.

Circulations des biens, des savoirs et des personnes (responsables P. Ballet, C. Moatti). Le projet élargissait l’étude du thème de la mobilité humaine, initié et développé par les historiens de l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, consistant en une approche transpériodique des pratiques de mobilité humaine (organisation des circulations ; réseaux, filières ; transferts techniques ; conditions matérielles), des représentations et de la culture de cette mobilité, à la compréhension de la diffusion des savoirs, des biens et des images.

Identités partagées au voisinage de l’autre (responsables Ph. Jockey, F. Prost). Partant d’une problématique propre au monde grec antique – plus particulièrement « hellénistique » –, à ses confins et voisins, le programme observait, à travers l’archéologie des techniques, l’iconographie et la stylistique, une diversification des ’expressions et la gestion, par chaque groupe, au contact de l’autre – aux marges de deux mondes (ou davantage) – des formes diverses de son identité (religieuse, politique et culturelle). Par-là, il visait à dresser une typologie des diverses attitudes possibles – crispation identitaire ; emprunt à l’autre de son identité ; effacement de soi ; syncrétisme (avec ou sans connotation religieuse) – , à en caractériser les mécanismes et à en mesurer l’évolution dans le temps long.

  • Étudier la matérialité

Argiles (responsable X. Faivre). Le programme faisait dialoguer les nombreux chercheurs et équipes travaillant sur les produits usuels tirés de l’argile ou utilisant ce matériau – vaisselle et ustensiles, terres cuites, briques crues ou cuites, tablettes inscrites, etc. –, avec une forte composante d’étude pétrographique et technologique, et une dimension d’approche expérimentale – « les mains dans l’argile ».

Tessonnier (responsables P.-M. Blanc, P. Van Ossel, P. Ballet). Parallèlement à la constitution de collections de référence et d’une plate-forme technologique dédiée à la céramique, le programme «  Tessonnier : outil d’interprétation chrono-typologique et sociétal  » rassemblait des séries issues d’un très vaste bassin de collecte, de la Gaule du Nord principalement au Levant et à l’Arabie, et sur plusieurs millénaires, du Néolithique au Moyen-Âge, pour, d’une part, appréhender les productions sur toute leur durée et les échanges dans toute leur ampleur, et, d’autre part, mettre en commun l’approche technologique, le classement formel, les protocoles d’analyses archéométriques et l’étude symbolique du décor.

Incendies (C. Petit, L. Costa). Des journées d’étude portant sur les incendies comme fait accidentel ou de guerre, sur la propagation du feu et ses temporalités propres, ainsi que sur les incendies d’origine naturelle, d’autres journées de saisie pour l’alimentation d’une base de données, et un colloque final (2022) ont été rendus possibles grâce à la collaboration lancée en 2015, destinée à mieux comprendre les traces d’incendie dans les vestiges. Les Projets collectifs ont pour vocation de tisser des liens entre les différentes équipes. Un tableau et des diagrammes en réseau illustrent la participation des équipes aux différents PCs durant le quinquennal.

Dans la continuité de la stratégie menée depuis 2018, qui vise à renforcer la cohérence de l’activité et de la production scientifique de l’unité, et en réponse au rapport d’évaluation de l’HCERES du dernier quinquennal (2018), une importance majeure est accordée dans le prochain projet quinquennal aux thématiques communes explorées par les membres du laboratoire. Ainsi, à partir de 2023, les thématiques mises en place en 2018 évoluent et sont requalifiées en axes. Les anciens projets collectifs deviennent alors des « actions ». Cela accentue l’affichage et la visibilité des thématiques par axes, et permet en même temps une plus grande flexibilité des initiatives, signe de dynamisme et d’activité soutenue’. En 2023, les anciens axes sont redéfinis. Ainsi, 1. Penser et échanger l’archéologie, 2. Construire l’espace, 3. Appropriation, 4. Étudier la matérialité deviennent désormais : 1. Penser l’archéologie : Histoire, épistémologie et méthodologie, 2. Spatialités : Territoires, frontières, fait urbain, 3. Matérialité : Matériaux, gestes, objets, 4. Sociétés : pratiques, expressions, représentations.

La mise en place de ces axes émane d’une réflexion menée au cours de quatre réunions plénières des responsables d’équipes, en s’appuyant notamment sur l’analyse des pratiques riches et variées, développées au sein de l’UMR. Les quatre axes seront stables tout au long du prochain quinquennal, mais les actions au sein de chaque axe auront des durées variables et des perspectives d’aboutissement différentes.

Les actions menées au sein des axes seront multiformes et de durée variable (de récurrents à ponctuels). ’Ce sont cette flexibilité et cette étendue des possibles qui font toute la richesse de cette réorganisation. Il s’agit d’actions porteuses classiques, mais aussi d’actions à fort caractère exploratoire et prospectif. Le but est celui de cristalliser des actions fédératrices, qui sont avant tout une disposition en réseau de personnes et d’idées. À terme, le rendu peut être durable, se traduisant en publications, blogs, plateformes, comme cela a été fait depuis l’origine des Projets collectifs. Le but affiché est e faire de ces axes et actions des pépinières de projets d’envergure de type GdR, ANR et ERC. C’est là l’un des enjeux du prochain quinquennat.

Les axes sont présentés en détail ci-dessous :

Penser l’archéologie : Histoire, épistémologie et méthodologie

Dans cet axe, on propose de réfléchir, dans une perspective historique et épistémologique, à la construction même de la discipline, à la mesure du temps, ainsi qu’à l’évolution des modèles et des formes de l’enquête archéologique.

On souhaite également en identifier les évolutions les plus récentes, et en analyser et évaluer les bases conceptuelles. Le champ des humanités numériques représente ici un terrain d’étude privilégié. On y réfléchit à la place et à la valeur heuristique des modèles et, plus généralement, de la modélisation dans la production du savoir. Enfin, on cherche à placer au cœur de l’axe les enjeux et les défis inédits posés par les nouveaux outils qu’offre l’intelligence artificielle, afin d’en évaluer l’impact sur le devenir des données et de leur traitement, sur la production de nos savoirs et sur la place et le rôle de l’archéologue. On souhaite, par cette réflexion générale, poser la question du devenir du site archéologique dans sa réalité matérielle, ses données, sa modélisation, en relation avec son devenir patrimonial, souvent menacé sous l’effet de contraintes extérieures à notre discipline.

Mots clés et thématiques susceptibles de générer des actions (équipes concernées)Intégration des actuels projets collectifs
Histoire de la discipline, épistémologie,PCs en cours :
Histoires de l’archéologie (Monde grec-SI, Archéo. Env., ESPRI-LIMC, Proto-Égée., HAROC, VEPMO, AnTET, APOHR / OrAm)« À quoi sert l’archéologie ? » « L’archéologie dans les Humanités numériques » « Épistémologie de l’archéologie » « Archéologie du fait urbain »  
Concepts (Monde grec-SI, Archéo. Env., Proto-Égée., AnTET) Mesurer le temps : (AnTET, ESPRI-LIMC, Archéo. Env., APOHR / OrAm, HAROC, VEPMO, THEMAM, Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA) : durées, rythmes, dynamique et constructions des chronologies
Modèles et modélisations (MONDE GREC-SI, Archéo. Env., VEPMO, GAMA, Proto-Égée.) L’enquête archéologique : acquérir, enregistrer et interpréter (ESPRI-LIMC, Archéo. Env., GAMA, Proto-Égée., HAROC, AnTET, THEMAM, Monde grec-SI, Asie centrale, VEPMO) Humanités numériques : base de données, data, open data, (Monde grec-SI, HAROC, Archéo. Env., ESPRI-LIMC, GAMA, Proto-Égée., Asie centrale, THEMAM, VEPMO, AnTET, APOHR / OrAM) Intelligence artificielle (Monde grec-SI, Asie centrale)
Patrimoine en danger (VEPMO, Asie centrale, HAROC, APOHR / OrAm)

Spatialités : Territoires, frontières, fait urbain

La notion de spatialité se décline en quatre sous-axes, reflétant différentes approches. Le premier sous-axe, à travers l’appellation de « Territoire », prend en considération la structuration politique de l’espace à différentes échelles : tribale, villageoise, civique, fédérale, coloniale, royale, impériale. Dans une seconde approche, l’accent est mis sur la définition / caractérisation des aires culturelles, articulées à travers les mobilités, les échanges et les réseaux, qui façonnent ainsi des marges. La mise en valeur des territoires crée des paysages culturels, réels ou perçus. On s’intéresse également à l’économie, à la gestion et à l’administration des territoires, notamment à travers les circulations monétaires et les archives. L’exploitation, la maîtrise, et la gestion des ressources du territoire sont au cœur de ces relations. Enfin, ’les différentes formes d’occupation du territoire (habitat) sont également prises en compte, ainsi que le phénomène d’émergence et de genèse des villes, con jointement avec le fait urbain.

Mots clés et thématiques susceptibles de générer des actions (équipes concernées)Intégration des actuels projets collectifs
Politique, culturel, économique, urbainPCs en cours :
Territoires civiques et fédéraux (ESPRI-LIMC, Monde grec-SI, GAMA) Territoires coloniaux (ESPRI-LIMC, Monde grec-SI, Asie centrale, VEPMO, HAROC, APOHR / OrAM) Empires et royaumes (HAROC, ESPRI-LIMC, VEPMO, Asie centrale, THEMAM, GAMA, Monde grec-SI, APOHR /OrAM)Ruralités ; Cultures et territoires de l’Arabie ancienne ; Lieux et espaces funéraires ; Histoire environnementale antique.
Cultures locales à l’échelle des Empires (HAROC, ESPRI-LIMC, VEPMO, GAMA, APOHR / OrAM) Mobilités échanges et réseaux (AnTET, ESPRI-LIMC, Archéo. Env., ASIE, Monde grec-SI, VEPMO, GAMA, APOHR / OrAM) Paysage : mise en valeur des territoires (Asie centrale, Archéo. Env., GAMA, VEPMO, Proto-Égée., APOHR / ORAM) Marges (AnTET, VEPMO, HAROC, Asie centrale, Proto-Égée., Monde grec-SI, APOHR / ORAM)
Économie et administration des territoires : circulations monétaires (Proto-Égée., Monde grec-SI, Asie centrale, HAROC, VEPMO, GAMA, ESPRI-LIMC, APOHR / OrAAM) Ressources : exploitation, maîtrise, gestion (AnTET, VEPMO, Archéo. Env., GAMA, Asie centrale, Proto-Égée., APOHR / OrAM) Ruralités et paysans (GAMA, HAROC, Archéo. Env., APOHR / OrAM)
Évolution de la ville (THEMAM, VEPMO, GAMA, Asie centrale, Proto-Égée., APOHR / OrAM) Habitat (Archéo. Env., VEPMO, GAMA, Proto-Égée., APOHR / OrAM)

Matérialité : Matériaux, gestes, objets

Matériaux et matières premières, qu’ils soient d’origine animale, végétale ou minérale, sont au cœur de cet axe en tant que ressources à acquérir et à transformer par les sociétés humaines. Ils constituent le point de départ d’une réflexion sur la chaîne opératoire, les systèmes techniques et leurs acteurs, qu’il s’agisse des arts du feu, des techniques de construction, des systèmes agraires, des textiles ou de la couleur. Cette réflexion intègre aussi l’organisation de la production, la transmission et la circulation de savoir-faire et de productions domestiques ou à grande échelle. L’expérimentation est une approche partagée quels que soient les domaines étudiés, de même que la construction d’outils, tel le Tessonnier, engagée depuis plusieurs années. Cela ouvre une réflexion sur l’histoire et l’anthropologie des techniques. Cet axe accorde également une place privilégiée à l’étude des supports des textes et des représentations.

Mots clés et thématiques susceptibles de générer des actions (équipes concernées)Intégration des actuels projets collectifs
Matériaux, gestes objetsPCs en cours :
Les couleurs (Monde grec-SI, Asie centrale, ESPRI-LIMC, HAROC, VEPMO) Arts du feu : céramiques, verre, métaux (ESPRI-LIMC, Archéo. Env., APOHR / OrAM, HAROC, VEPMO, Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA) Transformations des ressources animales, végétales et minérales : textile, bois (AnTET, Archéo. Env., APOHR / OrAM, HAROC, VEPMO, Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA) Argile (ESPRI-LIMC, Archéo. Env., APOHR / OrAM, HAROC, VEPMO, THEMAM, Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA)Argiles ; Tessonnier ; Rencontre interdisciplinaire sur les métaux ; De l’arbre à l’ouvrage ; ANIMA – L’animal : ressource, matière et matériau.  
Techniques de construction (Archéo. Env., APOHR / OrAM, HAROC, VEPMO, Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA) Savoir-faire et traditions techniques (AnTET, ESPRI-LIMC, Archéo. Env., APOHR / OrAM, HAROC, VEPMO, Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA) Transmissions et circulations des savoir-faire (AnTET, ESPRI-LIMC, Archéo. Env., APOHR / OrAM, HAROC, VEPMO, THEMAM, Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA) Outils et systèmes techniques (AnTET, Archéo. Env., APOHR / OrAM, HAROC, VEPMO, THEMAM, Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA) Histoire et anthropologie des techniques (AnTET, ESPRI-LIMC, Archéo. Env., APOHR / OrAM, HAROC, VEPMO, THEMAM, Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA) De la production domestique à l’industrie : acteurs et ateliers (AnTET, Archéo. Env., APOHR / OrAM, HAROC, VEPMO, Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA) Expérimentation (AnTET, Archéo. Env., HAROC, VEPMO, ASIE, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA)
Supports des textes et des représentations (ESPRI-LIMC, Archéo. Env., APOHR / OrAM, HAROC, VEPMO, THEMAM, Proto-Égée., Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée.) Tessonnier (ESPRI-LIMC, Archéo. Env., APOHR / OrAM, HAROC, VEPMO, THEMAM, Asie centrale, Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA)

Sociétés : pratiques, expressions, représentations

Cet axe est consacré aux pratiques, expressions et représentations du fait politique, religieux, idéologique, linguistique et anthropologique, dans sa dimension quotidienne. Pour le fait politique, l’analyse porte sur le pouvoir et la norme, sur le/la politique, dans leurs expressions collectives, ainsi que sur les hiérarchies sociales, les élites et la question du genre. Pour le versant religieux et idéologique, sont étudiés les lieux de culte et les manifestations du sacré, ainsi que les pratiques funéraires, auxquels est associée la question des systèmes symboliques et mythologiques. Pour les expressions et représentations d’ordre linguistique et figuré, on s’intéresse aux langues, aux langages et aux écritures, ainsi qu’aux différentes modalités de l’image et de la performance. Enfin, l’approche portant sur l’anthropologie du quotidien aborde les questions de l’alimentation, de la maisonnée et du vêtement.

Mots clés et thématiques susceptibles de générer des actions (équipes concernées)Intégration des actuels projets collectifs
Pouvoirs, sacré et idéologie, domestique, expressionsPCs en cours :
Le pouvoir et la norme (Proto-Égée., ESPRI-LIMC, THEMAM, VEPMO, AnTET, HAROC, APOHR / OrAM) Le politique et la politique (ESPRI-LIMC, THEMAM, VEPMO, HAROC) S’assembler (Archéo. Env., ESPRI-LIMC, AnTET) Hiérarchies (Archéo. Env., Monde grec-SI, AnTET, ASIE, Proto-Égée., VEPMO, ESPRI-LIMC, HAROC) Élites (Monde grec-SI, Asie centrale, Proto-Égée., VEPMO, ESPRI-LIMC, APOHR / OrAM)Représenter la performance ; Circulations des biens, savoirs et personnes ; Identités partagées, au voisinage de l’autre.
Autour du sacré : Lieux de culte, manifestations, expressions et représentations du sacré (Monde grec-SI, ESPRI-LIMC, VEPMO, Asie centrale, THEMAM, APOHR / OrAM) Le funéraire (Asie centrale, VEPMO, GAMA, ESPRI-LIMC, Monde grec-SI, Proto-Égée., THEMAM, Archéo. Env., HAROC) Symbolique (Asie centrale, ESPRI-LIMC) Mythes et mythologies (ESPRI-LIMC, THEMAM, Monde grec-SI)
Alimentation : le banquet (Proto-Égée., GAMA, Asie centrale, Archéo. Env.) La maisonnée (Monde grec-SI, Proto-Égée., GAMA, HAROC, APOHR / OrAM) Le vêtement (Asie centrale, HAROC, Monde grec-SI)
Langues, langages, écritures (THEMAM, ESPRI-LIMC, HAROC, Proto-Égée., Monde grec-SI, APOHR / OrAM) Images (VEPMO, Asie centrale, Monde grec-SI, ESPRI-LIMC, THEMAM, APOHR / OrAM) Expression du genre (HAROC, Monde grec-SI, ESPRI-LIMC) Performances (ESPRI-LIMC, THEMAM)

Ces axes et les actions liées (existantes et à venir) déduites des manifestations des différentes équipes permettront de rendre plus visible la personnalité du laboratoire et le travail collectif de l’UMR.

Ce nouveau dispositif mérite d’être financé davantage que l’ont été par le passé ’les projets collectifs. Dans cet esprit, l’équipe de direction a entrepris une cartographie des achats afin de soumettre aux débats au sein de l’Unité une rationalisation et la mutualisation de certaines dépenses d’équipement léger. Les économies résultantes serviront à financer d’avantage les différentes actions de chaque Axe thématique. De la même manière, la direction souhaite continuer la réflexion au sujet du périmètre des équipes afin d’assurer une meilleure visibilité à l’ensemble de l’unité. L’on souhaite aussi la réalisation d’une cartographie (au sens propre, comme figuré) de nos locaux, afin de créer des nouveaux espaces physiques communs, ce dont bénéficieront aux activités communes et feront les chercheurs mieux profiter des espaces individuels. Nous souhaitons aussi créer davantage d’initiatives d’interaction commune, comme nous y encourage l’expérience de la retraite de Bazoches-sur-Guyonne, organisée les 15-16 octobre 2022, ayant donné lieu à ce que nous avons appelé « l’esprit de Bazoches ». Cette initiative, une première au sein du laboratoire, et d’autant plus saluée que la rencontre a été organisée peu après la fin de la crise sanitaire, a permis de décloisonner les équipes et d’ouvrir les esprits, en renforçant les confluences méthodologiques et thématiques. Il est souhaitable de réitérer ce type de réunion tous les deux ans, pour se réunir dans un cadre différent de celui des assemblées générales et des autres instances de gouvernance du laboratoire (Conseil de Laboratoire et réunions de responsables d’équipe).

Afin de définir et concrétiser les idées nées des actions communes, la direction souhaite créer une cellule d’accompagnement, en accordant la priorité aux propositions qui seront faites et en facilitant le suivi des projets dès leur genèse jusqu’à la maturité et au dépôt de la demande auprès des organismes ciblés (LabEX, ANR, ERC…).

Le succès qu’ont connu des activités communes de formation et de préparation du quinquennal en cours, à savoir l’organisation des oraux et auditions blanches pour le concours CRCN du CNRS, de la Masterclass, crée en 2017, du séminaire destiné aux doctorants d’ArScAn, organisé depuis 2021 avec le concours de l’ED 395 « Espaces, Temps, Civilisations » de l’Université Paris Nanterre, nous encourage à évoluer vers des actions communes regroupant tous les types d’actions de formation qu’organisent les équipes de manière autonome. Celles-ci, comme « Démotique pratique » ou « Approche technico-fonctionnelle des outils lithiques », l’avaient pour ambition d’harmoniser la formation des doctorants de l’unité, en partant du modèle de convention avec l’ED 395 t en cherchant ’un mode de fonctionnement commun avec les trois autres ED ’qui accueillent nos doctorants.

ArScAn s’engage pour ce nouveau quinquennal avec un important capital numérique tant au niveau des publications, des données, des logiciels, des méthodes et savoir-faire, qui nécessitent de mettre en place une réflexion au sein de l’unité. La première perspective qui se e dessine à l’horizon, à la fin de l’année 2023, prévoie la mise en place d’une charte de la Science ouverte spécifique à ArScAn et conforme à la fois sur le plan national de la Science ouverte (2018) et en l’accord avec la politique des différentes tutelles. Cette charte s’appuie à la fois sur les principes généraux liés à l’open science et, sur un plan national, sur les stratégies de la Science ouverte, pour y inclure des initiatives plus pragmatiques liées à la politique d’achat de notre unité.

ArScAn s’engage donc dans une réflexion sur la question de la mutualisation de ses moyens informatiques tant au niveau des besoins courants (postes PC ou Mac, périphériques d’impressions) que des équipements communs (plateformes techniques et outils semi-lourds, comme le matériel topographique, la plateforme légère d’intervention géophysique…), en prenant en compte la question de leur renouvellement. Cette réflexion portera aussi sur les outils qui seront utilisés lors des futurs projets scientifiques (drones, scans 3D, logiciels communs…), selon une nouvelle politique sur les produits open source et les services partagés.