La culture néolithique de Kel’teminar en Ouzbékistan (VII^e-IV^e mill.)

Localisée géographiquement et « culturellement » à l’interface entre steppe et oasis — entre agro-pasteurs sédentaires du sud (Turkménistan) et chasseurs-cueilleurs-éleveurs du nord (Kazakhstan), avec lesquels elle entretenait des relations—, Kel’teminar est l’une des cultures les plus anciennes d’Asie centrale. Son étude sur le terrain, dans le désert du Kyzyl-Kum (Ouzbékistan), est menée dans le cadre de la mission MAFANAC (direction : F. Brunet, ArScAn et M. Khudzhanazarov, Inst. Archéologie Samarcande).

La fouille du site stratifié et exceptionnellement bien préservé d’Ajakagytma (région du Zeravshan), initiée en 2005, est à présent achevée (la monographie est en préparation). Elle confirme l’existence d’un processus de néolithisation original et inédit en Eurasie, alliant chasse, pêche, cueillette et élevage. Les prospections menées dans la région du Zeravshan, et plus largement dans le désert du Kyzyl-Kum, ont contribué à reconstituer le peuplement de cette zone depuis le Paléolithique moyen et particulièrement par les groupes de la culture de Kel’teminar durant l’Holocène ancien et moyen.

Un programme de prospections géo-archéologiques systématiques a été poursuivi dans l’ancien delta de l’Amou-Daria ou Akchadaria (Chorasmie et Karakalpakistan). Il vise à reconstituer le peuplement de cette zone aujourd’hui désertique mais densément occupée depuis la fin du Paléolithique et l’étude du paléoenvironnement à l’Holocène ancien et moyen (oscillations climatiques durant « l’optimum climatique », modifications du réseau hydrographique, en relation avec le peuplement). Le matériel exhumé a fait l’objet d’une analyse pluridisciplinaire en laboratoire (culture matérielle, vestiges fauniques et paléobotaniques, sédiment, analyse spatiale, SIG, datations) et d’une recherche documentaire en France et en Asie centrale. De la caractérisation fine des productions techniques de la culture de Kel’teminar devrait découler une meilleure compréhension des réseaux de relations avec les communautés mésolithiques, néolithiques et chalcolithiques d’Asie centrale et de Russie. Une publication collective de synthèse est en préparation.

Des financements du CNRS (UMR7041, 7264, 5600 ; PICS Iran-Ouzbékistan), du MAEE (ECO-NET), de Paris I et de la Fondation Fyssen ont été obtenus dans le cadre des coopérations internationales instaurées pour la réalisation de cette recherche.

Certains pans, bientôt achevés, de l’étude du néolithique de Kel’teminar sont complétés par l’étude de matériel conservé en Asie centrale et Russie et par la recherche sur le terrain de nouveaux sites stratifiés. Plusieurs thématiques sont en cours développement pour caractériser cette culture : ses relations avec les cultures de l’Oural à l’Altaï, du Kazakhstan au Baloutchistan ; l’art (pétroglyphes) ; et le paléoenvironnement : Pléistocène supérieur à Holocène ancien (oscillations climatiques, optimum ?, désertification).