Campagne 2016
Sur le chantier B, le dégagement du bâtiment monumental s’est poursuivi. On y accédait depuis le sud‐est par une chaussée aménagée qui débouchait sur un seuil monolithique. Celui‐ci ouvrait sur une vaste pièce en chicane. On peut imaginer que la petite pièce de moins de 10 m2 qui se trouvait au sud pouvait accueillir la garde qui contrôlait l’accès au bâtiment. Deux autres pièces qui ne communiquent pas avec l’entrée ont été partiellement fouillées. Deux seuils conduisaient à deux autres espaces non encore dégagés. Ce bâtiment a livré très peu voire pas de grosses jarres destinées au stockage des aliments, mais beaucoup de céramique fine et notamment de grandes quantités de petits bols carénés, certainement liés à des pratiques de réception et de commensalité. La découverte de moules pour la confection d’objets en alliage cuivreux pourrait trahir la présence d’un artisanat métallurgique au cœur ou à proximité immédiate du bâtiment. On ne sait rien encore de l’approvisionnement et de la production en bronze dans la région, mais on peut supposer qu’ils étaient étroitement contrôlés par les autorités. Peut‐être est‐ce l’indice que ce bâtiment dont l’entrée pouvait facilement être surveillée abritait le « seigneur », quel que pût être son titre et l’étendue de son pouvoir, de la ville.
Dans le chantier C, la fouille de la cave s’est poursuivie. Ce travail est très long du fait de l’importante quantité de matériel céramique qui couvrait les sols et de la présence des tablettes. Au nord, le plan des deux bâtiments a pu être complété et les sols ont été fouillés, révélant la présence de structures circulaires brûlées faisant penser à des cupules. Les vestiges du chantier C montrent deux espaces distincts mais qui fonctionnèrent conjointement : la cave d’une part où les jarres de stockage étaient majoritaires et les bâtiments nord. Là furent découverts de nombreux tessons finement décorés de motifs animaliers (scorpions, serpents, béliers) et géométriques. L’analyse de ce corpus céramique est en cours, mais la présence de supports ornementés et plus généralement de formes non fonctionnelles pourrait indiquer que ce bâtiment accueillait des activités cultuelles ou cérémonielles. Cette hypothèse serait confortée par la découverte des structures en forme de cupules qui ont été trouvées cette année.
La fouille 2016 a permis de montrer que les aménagements de pierre découverts en 2015 dessinaient en fait le plan d’une petite maison de trois pièces accolée contre la façade est du bâtiment monumental. Cette unité domestique couvrait à peine 30 m2 et était entourée sur trois côtés par des espaces extérieurs. On y accédait par deux seuils aménagés dans ses murs nord et sud. La pièce nord ouvrait sur une troisième pièce dont la fonction est indéterminée et qui mesurait moins de 3 m2. Le matériel céramique découvert dans la maison est très varié : des jarres de stockage, des supports de vase, des petits bols carénés. Il répond aux besoins d’une petite famille de la fin du IIIe millénaire.
Une quarantaine de tablettes et fragments a été mise au jour en 2015 et 2016 dans la cave du chantier C. Les lectures des premières tablettes montrent qu’il s’agit de documents administratifs enregistrant des entrées et des sorties de différents types de farine : orge, blé amidonnier, froment et peut‐être malt, ce qui témoigne de la diversité et de la richesse du terroir agricole autour de Kunara. Six ou sept noms des localités autour de Kunara sont attestés jusqu’à présent ainsi que quelques anthroponymes. Les tablettes sont écrites en akkadien dont le rayonnement culturel est bien connu dans la région. Dans la mesure où les noms propres ne sont pas akkadiens, on ne peut savoir quelle langue était parlée à Kunara à la fin du IIIe millénaire.
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