Dikili Tash, village préhistorique de Macédoine orientale
Le site de Dikili Tash se trouve dans la plaine de Drama, près de la ville antique de Philippes, en Macédoine orientale (Grèce). Il s’agit d’un tell (ou toumba), colline artificielle formée par l’accumulation progressive de restes d’habitations successives. Mesurant 250 x 180 m et ca 16 m de haut, Dikili Tash est le plus grand des quelque vingt tells préhistoriques installés en bordure du marais qui occupait autrefois la plus grande partie de la plaine actuelle.Les premières recherches systématiques, effectuées dans les années 1960-70 par J. Deshayes et D. Théocharis, ont contribué à mettre au point la séquence stratigraphique et chronologique du Néolithique et du Bronze Ancien égéens. Datées entre 5500 et 1100 av. J.-C., les phases d’occupation du site correspondent au Néolithique Récent, au Bronze Ancien et au Bronze Récent.
De 1986 à 2001, H. Koukouli-Chryssanthaki et R. Treuil ont dirigé un deuxième programme de recherches. Les principaux résultats concernent le paléoenvironnement du site, la chronologie absolue, l’organisation de l’habitat, les matériaux et les techniques de construction, les types et les fonctions des récipients céramiques, ainsi que des différentes catégories d’outillage, les modes d’exploitation des ressources naturelles. Des découvertes exceptionnelles, comme celle d’un « bucrane » — un crâne réel de bovidé, avec ses cornes, recouvert et complété par un revêtement de terre crue — ont apporté, par ailleurs, des éléments de réflexion nouveaux sur l’idéologie des populations néolithiques.
Depuis 2008, un nouveau programme de recherches franco-helléniques vise à reconstituer l’histoire du tell. Les premières installations humaines remontent à 6400-6200 av. J.-C., ce qui renouvelle le débat sur la néolithisation de l’Europe orientale. La séquence néolithique semble désormais complète de 6400 à 4000 av. J.-C. Une maison détruite vers la fin du Néolithique Récent, aux environs de 4200 av. J.-C., a livré un ensemble exceptionnel de vestiges : murs, vases, outils, objets de parure et restes botaniques. On a également mis en évidence l’ampleur inattendue de l’occupation du Bronze Récent (fin du 2e millénaire av. J.-C.) et l’on a découvert les premiers fragments de céramique à décor peint de style mycénien.
Site web de Dikili Tash
Publications
- Treuil R. (dir.) 1992. Dikili Tash, village préhistorique de Macédoine orientale, I. Fouilles de Jean Deshayes (1961-1975), vol. 1, Bulletin de Correspondance Hellénique Suppl. 24, Athènes.
- Lespez L., Dalongeville R., Noirel-Schutz Cl., Suc J.-P., Koukouli-Chryssanthaki H., Treuil R. 2000. Les paléoenvironnements du site préhistorique de Dikili Tash (Macédoine orientale, Grèce), Bulletin de Correspondance Hellénique 124, p. 413-434.
- Treuil R. (dir.) 2004. Dikili Tash, village préhistorique de Macédoine orientale, I. Fouilles de Jean Deshayes (1961-1975), vol. 2, Bulletin de Correspondance Hellénique Supplément 37, Athènes.
- Darcque P., Koukouli-Chryssanthaki H., Malamidou D., Treuil R., Tsirtsoni Z. 2007. Recent researches at the Neolithic settlement of Dikili Tash, Eastern Macedonia, Greece : an overview, in H. Todorova, M. Stefanovich, G. Ivanov (eds), The Struma/Strymon River Valley in Prehistory, Proceedings of the International Symposium ‘Strymon Praehistorikos’, Kjustendil-Blagoevgrad (Bulgaria) and Serres-Amphipolis (Greece), 27.09-1.10.2004, Sofia : Gerda Henkel, p. 247-256.
- Koukouli-Chryssanthaki H., Treuil R. (éds.) 2008. Dikili Tash, village préhistorique de Macédoine orientale. Recherches franco-helléniques dirigées par la Société Archéologique d’Athènes et l’École française d’Athènes (1986-2001), Bibliothèque de la Société Archéologique d’Athènes n° 254 (2008). Athènes : Société archéologique d’Athènes.
- Darcque P., Tsirtsoni Z. 2010. Evidence from Dikili Tash (Eastern Macedonia, Greece) and the tell issue, in Sv. Hansen (ed.), Leben auf dem Tell als soziale Praxis, Beiträge des internationalen Symposiums in Berlin vom 26-27. Februar 2007 (Kolloquien zur Vor- und Frühgeschichte 14), p. 55-69. Bonn : Rudolf Habelt.
- Lespez L., Tsirtsoni Z., Darcque P., Koukouli-Chryssanthaki H., Malamidou D., Treuil R., Kourtessi-Philippakis G., Davidson R., Oberlin C. 2013. The lowest levels at Dikili Tash, Northern Greece : a missing link in the Early Neolithic of Europe, Antiquity, 87, fasc. 335, p. 30-45.
- Darcque P. 2013. Dikili Tash, un village néolithique dans le Nord de la Grèce, Comptes Rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (janvier-mars), p. 51-73.
- Treuil R. 2014. A Century of Research in Dikili Tash, in Stefani E., Merousis N., Dimoula A. (éds), A Century of Research in Prehistoric Macedonia 1912-2012, International Conference Proceedings, Archaeological Museum of Thessaloniki, 22-24 November 2012, p. 57-65.
- Darcque P., Koukouli-Chryssanthaki H., Malamidou D., Tsirtsoni Z. 2015. New insights to the Copper Age economy and chronology at the tell settlement of Dikili Tash (Northern Greece), in Hansen S., Raczky P., Anders A. & Reingruber A. (éds.), Neolithic and Copper Age between the Carpathians and the Aegean Sea. Chronologies and Technologies from 6th to 4th millennium BCE, (International workshop Budapest, 30 March-1 April 2012), (Archäologie in Eurasien 31), Bonn, p. 403-417.
- Valamoti S. M. 2015. Harvesting the ‘wild’? Exploring the context of fruit and nut exploitation at neolithic Dikili Tash, northern Greece, with special reference to wine, in S. M. Valamoti, F. Bittmann (eds.), Proceedings of the 16th Conference of the International Work Group for Palaeoethnobotany (IWGP), Thessaloniki, 17-22 June 2013, Vegetation History and Archaeobotany 24, p. 35-46.
- Garnier N., Valamoti S. M. 2016. Prehistoric wine-making at Dikili Tash (Northern Greece). Integrating residue analysis and archaeobotany, Journal of Archaeological Science 74 (october), p. 195-206.
- Tsirtsoni Z. 2016. The Late Neolithic II (Chalcolithic)-Early Bronze Age transition at the tell of Dikili Tash, in Tsirtsoni Z. (éd.) The Human Face of Radiocarbon. Reassessing chronology in Prehistoric Greece and Bulgaria, 5000-3000 cal BC. Lyon: Maison de l’Orient et de la Méditerranée, p. 271-297.