Origine et évolution des économies agricoles dans le sud du Caucase
Thèse de doctorat d’Alexia Decaix soutenue en décembre 2016
À la frontière de l’Europe et de l’Asie, entre mer Noire et mer Caspienne, et au croisement de plusieurs systèmes climatiques et biogéographiques, le Caucase abrite une biodiversité exceptionnelle, tant du point de vue de la flore que de la faune, avec de nombreuses espèces endémiques. En raison d’activités économiques croissantes, cette biodiversité est aujourd’hui fortement menacée. L’impact anthropique est cependant un phénomène ancien dans cette région, parcourue et habitée depuis la Préhistoire. En effet, le Caucase a de tout temps constitué un important carrefour entre différentes populations. Riche en matières premières (pierres, métaux et bois) et stratégiquement située entre les steppes eurasiatiques au nord et les hauts plateaux anatolien et iranien au sud, cette région constitue encore aujourd’hui un centre de diversité culturelle, dans lequel se côtoient une multitude de groupes ethniques, de religions et de langues. Grâce à l’étude des restes végétaux, des aspects tels que l’environnement végétal, les économies de production, les techniques agricoles, le traitement et l’utilisation des récoltes peuvent être abordés.
Les recherches doctorales d’A. Decaix ont porté sur l’apparition et l’évolution des économies agricoles dans le sud du Caucase, région riche en espèce endémiques, du Néolithique à l’âge du Fer. Les études anthracologiques et carpologiques qu’elle a menées sur des sites localisés dans les vallées de la Kura (Mentesh Tepe et les sites de la plaine du Mil en Azerbaïdjan, Gadachrili Gora en Géorgie) et de l’Araxe (Kültepe I, Ovçular Tepesi au Naxçivan), ainsi que sur les sites de la région du Lenkoran en Azerbaïdjan, et Köhne Pasgah Tepesi, en Iran), mais aussi dans le nord-ouest de l’Iran (Ali Abad Tepe, Soha Cay, Kalanan), différentes questions sont évoquées : l’émergence et l’organisation des premières économies agricoles au Néolithique, leur évolution et leur adaptation au cours du temps (en particulier du Chalcolithique à l’âge du Fer), l’utilisation de ressources sauvages (cueillette de fruits, graines et tubercules, collecte de bois) ou encore la reconstruction des communautés végétales se trouvant à proximité des sites archéologiques.