Thèmes de recherche
Le développement de la paléogénétique a définitivement consacré l’émergence d’une Préhistoire pléistocène mondialisée, dans ses problématiques comme dans ses méthodes. Paradoxalement, dans le champ des productions matérielles, la focalisation des discours autour d’épisodes considérés comme clés dans l’histoire de l’Homme, comme Out of Africa, a engendré un engouement pour un modèle d’évolution technique élaboré au début des années 1960, celui de Grahame Clark, qui réduit à quelques étapes caricaturales une réalité archéologique complexe et annihile l’idée même d’altérité.
Notre équipe a résolument pris le contrepied de cette tendance en accordant aux outillages en pierre taillée, témoins exclusifs de l’histoire de l’Homme depuis l’origine, une place centrale dans nos recherches en constituant une anthropologie des Techniques. Le fait technique est étudié par son inscription dans l’histoire de l’Homme, mais aussi dans une histoire parallèle mais fondamentale, celle des Techniques. Traduire les différences des cultures matérielles dans le registre de l’altérité ne peut se faire sans considérer les faits observés dans la contingence d’une évolution technique dont la nature dépasse la stricte polarité du progrès pour devenir signifiante.
Ces deux visions, complémentaires, impliquent d’intégrer pleinement les dimensions spatiales et temporelles dans lesquelles s’inscrivent ces histoires. Ce domaine de recherche détermine ainsi les actions entreprises par l’équipe. Il impose de multiplier géographiquement les points d’observation (Europe, Afrique, Proche-Orient, Asie du Sud-Est, Amérique du Sud) et de favoriser la diachronie. Les opérations de fouille menées dans ce cadre par les membres de l’équipe s’entendent aussi comme la volonté de produire des données primaires parallèlement aux nombreuses études de collections anciennes.
Les résultats de ces actions sont délivrés sous plusieurs formes. D’abord dans le cadre de recherches doctorales qui sont une vitrine des méthodes et concepts analytiques développés au sein de l’équipe et une interface de collaboration avec les chercheurs étrangers par le biais de codirections. Ensuite, les collaborations engagées avec ces chercheurs étrangers nous conduisent à publier nos travaux sous forme d’articles dans des revues internationales. Enfin, la part importante de la littérature grise dans nos productions reflète l’investissement significatif de l’équipe dans la production de données primaires.