II. Territoires, espaces de contact, mobilités
Les liens entre métropole et colonies, notamment sur le plan des cultes, ont été à l’honneur des deux journées d’études sur les cités mégariennes organisées par C. Müller et A. Robu en 2018 et en 2022. A. Robu, désormais Directeur de la revue Il Mar Nero (Bucarest-Nanterre), a poursuivi ses études sur le monde colonial, en organisant en 2019 (avec V. Lungu) la session « Dynamiques religieuses entre le Pont Euxin et la mer Égée dans l’Antiquité », dans le cadre du XIIe congrès de l’Association Internationale d’Études du Sud-Est Européennes, qui a donné lieu à un ouvrage paru en 2023.
A. Robu, C. Müller et A. Baralis (Louvre) ont, par ailleurs, lancé en 2021 un grand projet pontique intitulé « Mémoire coloniale et mémoire civique dans les cités grecques du Pont-Euxin (VIIe s. a.C.-IIIe s. p.C.) », qui associe Paris 8, Paris Nanterre et le Musée du Louvre. Ce projet a obtenu un financement pluriannuel (2022-2024) de la ComUE Paris Lumières et a permis l’organisation en 2022 et 2023 d’un séminaire transversal « Identités pontiques », à forte participation internationale. L’opération se poursuivra en novembre 2024 avec un colloque, intitulé Mémoire civique et pratiques religieuses entre Méditerranée et mer Noire (VIIe-Ier siècles av. J.-C.).
Docteur depuis 2017, T. Castelli a poursuivi son analyse des réseaux commerciaux autour de la mer Noire aux époques classique et hellénistique, de l’exploitation des ressources, notamment littorales, et des amphores timbrées. Il a co-édité en 2022 avec C. Müller, les actes d’un colloque sur la mer Noire tenu à Nanterre et anime un blog et des comptes sur les réseaux sociaux consacrés à l’actualité de la recherche sur la mer Noire antique.
Enfin, les colonies antiques de l’Albanie contemporaine (Dyrrachium, Byllis, Buthrote) tiennent une place importante dans les travaux d’E. Deniaux dans la perspective de leur héritage grec, mais aussi d’O. Boubounelle, jeune docteure qui a réussi le concours d’entrée à l’EFA en juin 2023 avec un projet consacré au territoire d’Epidamne-Dyrrachium.
C. Müller, avec deux jeunes docteurs (T. Lucas et A.-C. Panissié), a publié en 2019 un colloque international intitulé La Béotie de l’archaïsme à l’époque romaine. Frontières, territoires, paysages, qui a rassemblé les contributions des meilleurs spécialistes de la région et s’est inscrit dans une perspective spatiale récemment renouvelée, au-delà de la question des frontières et des territoires, par l’approche des paysages dans tous leurs états. Au-delà de ce colloque, les deux docteurs mentionnés ont soutenu chacun une thèse sur la Béotie, dont l’une (T. Lucas sur le fait militaire) est parue dans la BEFAR en 2023 et l’autre (A.-C. Panissié sur le fait religieux) est en cours de révision. Enfin, C. Müller a poursuivi ses travaux sur la Béotie, ses cités, son territoire et ses institutions par divers articles et collaborations, notamment avec l’équipe internationale basée à Leiden du Boiotia Project dirigé par J. Bintliff. La collaboration avec l’EFA s’est poursuivie pour l’étude du sanctuaire du Ptoion (C. Müller) et de la cité d’Akraiphia (T. Lucas comme membre EFA depuis 2019), avec un relevé LIDAR et une fine analyse des structures par l’architecte D. Bartzis.
De son côté, toujours en Grèce centrale, N. Kyriakidis a travaillé sur les fortifications de Phocide et de Locride (mission créée en 2013). Cela s’est concrétisé par des opérations de terrain aux fortifications de Delphes et d’Amphissa (Grèce) à raison de deux campagnes par an. Ces projets sont soutenus par l’École française d’Athènes et par la commission des fouilles du MEAE. À Delphes, se sont déroulées une campagne de fouilles et plusieurs campagnes d’étude (2021-2023). Les données recueillies changent considérablement la restitution non seulement de l’histoire des fortifications de Delphes, mais aussi de l’histoire urbaine du site dans son ensemble. Les principales conclusions de l’étude sont en voie de formalisation dans un mémoire inédit d’HDR consacré à la « Défense de Delphes dans l’Antiquité (VIe s. av.-VIe ap. J.-C.) », qui sera soutenu en 2024. À Amphissa, des campagnes d’étude (2021-2023) ont permis d’achever une première étude des fortifications du site et de formaliser un projet quinquennal de fouille 2023-2027 en collaboration avec le service archéologique grec de Phocide.
Autre territoire grec concerné par les travaux de l’équipe : les Cyclades et notamment Délos, avec la thèse que Julien Faguer a soutenue en 2020 et qui sera publiée dans la BEFAR sous le titre La terre et l’argent, marché de la terre et marché du crédit à Athènes et dans les Cyclades, ca 400-100 av. n. è. J. Faguer est, par ailleurs, associé depuis 2019 à la préparation de la carte archéologique de l’île de Rhénée dans les Cyclades, avec une participation active à la prospection d’une nécropole et à celle du territoire. Enfin, M. Jost a poursuivi ses recherches sur la religion et les sanctuaires en Arcadie.
Au sein de l’équipe, c’est à C. Lerouge qu’il revient de développer un axe de réflexion sur les royaumes hellénistiques et notamment les dynasties iraniennes. Elle a soutenu en 2017 une HDR, sur la manière dont celles-ci se sont référées à la période perse pour construire leur image, parue en 2022 (Peter Lang) sous le titre Souvenirs du passé perse à l’époque hellénistique. Arménie-Cappadoce-Commagène-Perside-Pont-Royaume arsacide. Elle a exploré pendant cette même période les questions de transmission et d’interprétation des sources littéraires en lien avec les dynasties iraniennes, sujets qu’elle a traités lors de deux colloques en 2022 à Irvine en Califonie et à Caen. Elle anime depuis 2023 un atelier transversal à ARSCAN sur les tiares hellénistiques, en collaboration avec Damien Agut (HAROC).
L’ancrage principal de l’étude sur les territoires du monde romain provincial se situe en Égypte avec les recherches menées par P. Ballet. Les phénomènes de production, de diffusion et d’échanges dans l’espace méditerranéen, centrés sur la culture matérielle, sont au cœur de ses recherches, de l’époque hellénistique aux premiers siècles de l’Empire. Elles comprennent des opérations de terrain sur plusieurs sites, dont le principal est Bouto (Delta nord-ouest ; programme « Vivre, produire et mourir à Bouto. Une lecture archéologique de la ville à la période romaine, d’Octavien à Dioclétien »), où l’équipe française collabore avec le Deutsches Archäologisches Institut (Abt. Kairo) ; une monographie a déjà paru en 2019 sur les ateliers de potiers d’époque impériale. Par ailleurs, l’équipe a lancé, depuis 2020, un programme sur l’habitat de Pompéi et son mobilier, dirigé par P. Ballet et D. D’Auria, qui fournit matière pour identifier les relations entre l’Égypte et l’Italie depuis la fin de l’époque républicaine, dans les domaines de l’économie et des techniques. Cette fouille sert par ailleurs de chantier-école aux doctorants et mastérants de l’équipe
C. Moatti, qui travaille depuis longtemps sur la question des mobilités, a lancé en 2019 un programme intitulé « Petite anthropologie de la mobilité », pour lequel un premier volume collectif est paru en 2021, sous le titre L’expérience de la mobilité de l’antiquité à nos jours (Bordeaux). Elle a, par ailleurs, poursuivi ces travaux dans un cadre collectif, en collaboration avec P. Ballet, puisque toutes deux coordonnent depuis 2018 un Projet Collectif au sein de l’UMR, « Mobilités des personnes, des savoirs et des biens en Méditerranée » : ce programme a donné lieu à cinq journées d’étude, dont la publication est prévue pour 2024 et s’intitulera « Vivre en mobilité en Méditerranée. Sources et méthodes ».