L’or et son usage dans la région de Philippes au Ve millénaire av. J.-C.
Communication à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres de Zoï TSIRTSONI, chargée de recherche au CNRS, sous le patronage de M. Olivier PICARD, membre de l’Académie.
Mots-clés : or, Néolithique, Dikili Tash, céramique, parure
Résumé : La région de Philippes et des montagnes environnantes (Lékani et Pangée) est connue par tous les hellénistes comme une région riche en métaux, notamment en or. C’est cet or qui aurait attiré au IVe siècle av. J.-C. les premiers colons venus de Thasos, puis, quelques années plus tard, le roi de Macédoine Philippe II. Constater que l’or était travaillé dans la région 4000 ans plus tôt revêt dans ces circonstances une importance toute particulière. En effet, les témoignages archéologiques mis au jour ces dernières années par les fouilles franco-helléniques sur le site voisin de Dikili Tash, à moins de 2 km du cœur de la grande cité antique, indiquent que les habitants néolithiques non seulement possédaient des objets en or (éléments de parure, qui pourraient théoriquement être importés déjà finis ou à l’état d’ébauche), mais pratiquaient aussi un artisanat impliquant la transformation sur place de l’or sous forme de matière première. Deux objets illustrent cette catégorie : un fragment et un vase complet en terre cuite, à décor exécuté avec une peinture en or. Il s’agit d’une des premières attestations du précieux métal en Grèce et dans les Balkans, et la seule de ce type dans un contexte d’habitat. Même s’il est pratiquement impossible de prouver chimiquement la provenance locale de l’or utilisé, la familiarité dont témoigne l’intégration de celui-ci dans les chaînes opératoires céramiques locales constitue un indice fort dans ce sens. Les ressources tant convoitées à l’époque classique seraient donc déjà connues et exploitées au Néolithique.