Les amphores en Gaule : échanges et vie économique
Responsable : F. Laubenheimer, E. Marlière
Les amphores feront l’objet de recherches systématiques dans plusieurs sites de la Gaule et du monde Antique d’est en ouest.
L’amphore, témoin de la vie économique d’une région
Gaules
La publication du volume final des fouilles de Sallèles d’Aude sous la direction de F. L. avec plusieurs collaborateurs sera mise en chantier. Elle nécessite des retours vers le matériel conservé sur place, dans les réserves du Musée Amphoralis. Ce travail de longue haleine, déjà bien entamé, est l’aboutissement d’années de fouilles et de recherches.
Publication par F. L. d’une intervention au colloque de Martigny (Suisse), 2011 : Création et vie d’un musée à Sallèles d’Aude.
Une nouvelle synthèse sur les amphores de Franche-Comté est mise en chantier. L’enquête conduite sur le terrain, F. L. en collaboration avec Sylviane Humbert (INRAP), depuis plusieurs années, a fourni un très riche matériel qui met en valeur, en particulier, le rôle économique majeur de Besançon dans les échanges avec l’Italie et la Méditerranée et ses relations avec le territoire des Séquanes. Le catalogue des timbres compte 213 numéros et les comptages d’amphores, plus de 33 000 tessons sur 46 sites, donneront une forte assise à la synthèse.
D’autres projets de publication par F. L. sur la Gaule sont aussi à l’ordre du jour
- les amphores de St-Bertrand de Comminges (Haute-Garonne),
- les amphores de Meaux (Seine-et-Marne) avec une production locale très originale imitant des amphores de Bétique
- la publication d’un article sur « L’approvisionnement des chefs-lieux de cité dans le nord-ouest de la Gaule à partir du témoignage des amphores » dans le cadre du colloque Franges urbaines et confins territoriaux, La Gaule dans l’Empire, Versailles, février 2012.
- dans le cadre de la table ronde « La diffusio Comercial de les amfores vinaries produïdes al nord-est peninsular Is. aC-Is dC) », tenue à l’Université de Barcelone en mars 2012, la publication de deux articles : « Les circuits des vins de Tarraconaise en Gaule » et « L’origine des amphores de l’ensemble aristocratique d’Antran (Vienne, France).
Palmyre (Syrie).
Le projet en collaboration avec l’équipe syro-allemande, est en bonne voie. L’étude des amphores de ce véritable port du désert, entre l’Euphrate et la Méditerranée qui connaît, aux marges orientales de l’Empire romain, un trafic commercial intense, jamais étudié jusque là pour les denrées transportées en amphores à dos de chameau ou celles fabriquées régionalement et jusque là inconnues est réalisée. Le suivi de la publication sera assuré.
Amathonte : amphores, témoins de la vie économique d’une cité chypriote.
Le projet sur la vie économique de la cité d’Amathonte, par le biais de l’étude des amphores, s’inscrit dans le champ d’investigation des équipes du Service des Antiquités Chypriotes et celles de l’Ecole Française d’Athènes depuis 1988.
Les prospections sur le territoire de cette cité et les fouilles dans le centre urbain, du palais, des terrasses et du sanctuaire d’Aphrodite sur l’acropole, ainsi que celles des remparts, du port, des sanctuaires du bord de mer et des nécropoles dans la ville basse ont livré une quantité colossale d’amphores.
Chargée de l’étude de cette documentation j’ai traité régulièrement jusqu’à ce jour le matériel provenant de ces chantiers (à noter que les fouilles préventives sur ce territoire augmentent constamment la masse d’amphores à traiter) et plusieurs ensembles ont fait l’objet des quatre articles publiés. – La publication d’une synthèse est envisagée, la première à ce jour, sur les jarres et les amphores locales d’Amahonte de l’époque archaïque à l’époque romaine tardive.
Ce projet s’articule autour de trois approches : technologique, archéométrique et comparative.
L’analyse technologique a déjà permis de définir les techniques de façonnage utilisées par les potiers locaux : les jarres sont majoritairement montées aux colombins sur un tour bas. Afin de compléter les choix techniques, il importe de déterminer les caractéristiques physiques, chimiques et pétrographiques du matériel céramique.
Une étude archéométrique débutera très prochainement avec le Cypriot Institute, centre de recherches nouvellement fondé à Nicosie ayant pour vocation le développement des études archéométriques (http://www.cyi.ac.cy/node/232). Les premières analyses porteront sur les pâtes des amphores chypriotes. Au delà de l’élaboration d’outils d’identification et de datation, l’archéométrie nous apportera, nous l’espérons, des éléments de réponse sur la nature des denrées stockées dans ces vases et plus généralement sur l’agriculture des royaumes.
Actuellement, il est impossible de préciser si leur contenu était du vin, de l’huile ou une boisson à base de céréales comme la bière.
Albinia (Italie).
Pour l’atelier d’amphores d’Albinia (Italie), plus de cinq cents timbres d’amphores découverts sur le site sont répertoriés. Leur quantité et leur variété constituent un apport hors norme pour l’étude du commerce du vin italien importé massivement en Gaule aux deux premiers siècles avant notre ère. Leur étude, F. L., D. Vitali, L. Benquet, bien engagée, vise à mener à bien la publication.
L’amphore, vecteur des contacts entre l’Occident et l’Orient, de la République à l’Empire
Les amphores vont aussi être étudiées en tant que vecteur des contacts entre l’Occident et l’Orient de la République à l’Empire à partir des recherches menées à Chypre et en Gaule (A. M., F. L.). Ce projet comporte deux volets. Le premier s’ouvre sur les amphores grecques importées en Gaule entre la fin de la période républicaine et la fin de l’Empire. En petite quantité, ces amphores sont découvertes régulièrement dans les sites gaulois même les plus éloignés. Simples conteneurs de transport ou signes d’un luxe ostentatoire dans les sociétés gauloises, ces amphores feront l’objet des discussions lors de la tenue des Tables rondes annuelles organisées par notre équipe. Le deuxième volet de ce projet s’inscrit dans la continuité des travaux conduits sur le site d’Amathonte et de Paphos à Chypre. On abordera les importations occidentales dans ces cités à l’époque romaine.
L’utilisation des amphores sera aussi le fil directeur d’un programme de recherche nouveau, appelé à se développer dans les années à venir :
Les amphores et la mort
Dans l’Antiquité, certains rituels funéraires associent les amphores à la mort.
Cet usage procure, souvent, un état de conservation exceptionnel qui permet d’étudier aussi bien leur forme que leur épigraphie amphorique et par extension leur place dans les pratiques funéraires des sociétés antiques.
À Chypre, amphores et jarres, locales ou importées, abondent dans le domaine de l’archéologie funéraire. Déposées, vides ou remplies, dans la tombe du défunt à l’époque archaïque comme à l’époque romaine, ces vases semblent être des offrandes.
Associée au projet de publication des espaces funéraires d’Amathonte, mené en commun par l’École française d’Athènes et le Département des Antiquités chypriotes, A. M. traitera des conteneurs commerciaux au sens du corpus qui est cours d’être établi. A Paphos, là où le projet sur la topographie funéraire de la cité est déjà amorcé (voir bilan) A. M. va continuer la publication des tombes – leur architecture et leur mobilier – constituées en corpus, dans le but de suivre chronologiquement l’évolution des nécropoles et, par extension, l’expansion démographique de la ville au cours de son histoire.
Dans cette perspective, l’étude des amphores rhodiennes timbrées occupe une place clé pour la datation des tombes. Mais au-delà de cette perspective, les amphores des nécropoles de Paphos semblent associées à des rituels particuliers qui consistent à placer de part et d’autre du défunt deux amphores rhodiennes timbrées ou encore à placer le défunt en amphore (enchytrismos) dans des nécropoles peuplées de sépultures des chiens. Ces données nous conduiront sur d’autres problématiques liées aux croyances et aux origines des défunts dont les noms sont parfois incisés sur les panses des amphores.
Depuis 2007, ce projet englobe aussi d’autres sites, cette fois-ci situés en Grèce. En Macédoine, A.M. participe sous la direction de Madame Chaïdo Koukouli, anciennement responsable de l’Éphorie de Kavala, à la publication de la nécropole d’Oisymè. La particularité de cette nécropole demeure dans la réutilisation des amphores archaïques et classiques pour l’enchytrismos. Ayant servi de sépultures, ces amphores se distinguent surtout par les incisions qui recouvrent leurs parois. Certaines livrent des noms qui éclaireront très probablement sur l’identité des défunts à une période où les documents écrits ne sont pas très fréquents.
Tous ces travaux alimenteront les débats qui seront menés dans le cadre des Tables Rondes sur Les denrées en Gaule et dans le monde romain : Production, Consommation, Échanges, Le témoignage des emballages, organisées tous les ans depuis 2008 par C. Barthélemy, E. Marlière, A. Marangou et F. Laubenheimer.