Parution: D’Alexandre à Auguste
Pascale Linant de Bellefonds, Évelyne Prioux, Agnès Rouveret (dir.), D’Alexandre à Auguste : dynamiques de la création dans les arts visuels et la poésie, Archéologie & Culture, Rennes, PUR, 2015, 320 pages + xxiv planches en couleur.
Cet ouvrage s’attache aux processus de la création artistique durant la période hellénistique et sous le règne d’Auguste. En interrogeant les possibilités de croisement entre textes et images, l’ouvrage pose des questions d’ordre méthodologique sur la façon même de mettre en relation les deux formes de création artistique. Une première partie met l’accent sur la culture de cour et sur le regard des antiquaires: R. Robert propose une étude à nouveaux frais de la Chronique de Lindos, Évelyne Prioux et Jean Trinquier étudient l’utilisation symbolique de deux animaux – l’autruche et le lion – dans les représentations des premières reines lagides, Francesco de Angelis s’attache aux documents qui témoignent de l’intérêt des savants hellénistiques pour la reconstitution de la coupe de Nestor, tandis que Kenneth Lapatin analyse les portraits de poètes ou d’hommes de letters sur les gobelets de Berthouville et dévoile les résultats de leur récente restauration. Une deuxième partie est consacrée en propre au portrait: Guillaume Biard étudie les statues honorifiques de la haute époque hellénistique qui étaient accompagnées d’épigrammes retrouvées par la voie archéologique; Hariclia Brécoulaki analyse les conventions de représentation de la figure humaine dans la peinture grecque et les prolongements qu’elles reçurent dans l’Égypte gréco-romaine, tandis que Florence Klein montre comment plusieurs poésies d’époque augustéenne convoquent le modèle des portraits d’Alexandre par Lysippe et font allusion aux éloges que ces portraits reçurent dans l’épigramme hellénistique pour constituer une image apologétique ou au contraire irrévérencieuse d’Auguste. Une troisième partie, intitulée «le regard des créateurs sur leur art» s’ouvre sur une contribution de Francis Cairns qui cherche à définir et à spécifier les éventuelles spécificités de l’ecphrasis hellénistique par opposition à ses modèles archaïques et classiques; Christophe Cusset analyse ensuite la valeur métapoétique de la figure d’Héphaïstos dans les Argonautiques d’Apollonios de Rhodes, tandis que Claude Pouzadoux propose d’interpréter les volutes végétales caractéristiques de l’«ornate style» de la céramique italiote comme un motif chargé de potentiel métapictural. Suit une partie consacrée aux monstres et aux hybrides –motifs récurrents dans les créations poétiques et figurées de la période hellénistique–, avec, tout d’abord, une contribution de S. Barbara sur l’origine mythique des serpents et scorpions qu’évoque Nicandre dans les vers 8-12 de ses Thériaques ; Alberto Canobbio et Maurizio Harari proposent ensuite deux contributions jumelles sur l’interprétation des vers 1-5 de l’Art poétique d’Horace où il est question d’un hybride féminin à queue de poisson, à rapprocher, peut-être, de la figure de Scylla. Les quatre contributions suivantes s’attachent à des formes de réécritures de l’épopée : Michael Squire propose une synthèse de ses travaux récents sur les tables iliaques, Jean-Christophe Jolivet propose de reconnaître dans des peintures romaines représentant l’épisode de la niptra une allusion à un débat interprétatif attesté dans les scholies homériques, tandis que les contributions de Mathilde Simon et de Philippe Le Doze s’attachent aux représentations de l’Italie dans les Argonautiques d’Apollonios de Rhodes et chez Virgile. Le volume se referme ensuite sur une partie consacrée en propre au regard de Rome sur l’hellénisme, que les auteurs successifs proposent d’appréhender à travers plusieurs études cas: celle des frises dionysiaques de la peinture romaine (Stéphanie Wyler), celle des décors sculptés du Sébasteion d’Aphrodisias et du théâtre d’Orange (Emmanuelle Rosso), celle des décors de la villa de Publius Fannius Synistor à Boscoreale (Gilles Sauron) et celle, enfin, des réflexions rassemblées dans le Sur les poèmes de Philodème de Gadara (Daniel Delattre).