Mari et le Moyen-Euphrate aux 3e et 2e millénaires
Responsable : Pascal Butterlin
Description du site
Le site de l’ancienne Mari se situe aujourd’hui sur le tell Hariri, à une centaine de kilomètres au sud-est de Der-ez-Zor, et à 12 km au nord-ouest de la frontière syro-irakienne. Installée sur la rive droite de l’Euphrate, la ville fut fondée vers 2900 av. J.-C. à l’écart du fleuve dont les crues peuvent se révéler destructrices. La preuve en est flagrante aujourd’hui : de la cité circulaire d’origine, d’un diamètre de 1,9 km, il ne reste plus qu’un tiers de la surface ; près de 170 hectares ont été détruits par les crues de l’Euphrate, à l’occasion de crues exceptionnelles qui affectent la vallée une fois tous les cent ans.
Pendant près de 1200 ans, Mari a joué un rôle majeur sur la scène du Proche-Orient ancien. Elle fut la capitale d’un royaume que les textes appellent « Bords de l’Euphrate ». Au IIIème millénaire, c’est une cité-État riche et rayonnante, participant aux échanges économiques du Proche-Orient ancien, entre l’Anatolie et la Mésopotamie centrale. Ses nombreux temples et son palais ont livré quelques-unes des plus belles pièces de la civilisation mésopotamienne. Détruite par les rois akkadiens vers 2320 av. J.-C., elle se relève et devient la capitale d’un important royaume amorrite. Une nouvelle série de sanctuaires et le Grand Palais Royal, construit vers –2050, témoignent de ce nouvel essor. L’histoire des dernières années de la cité, jusqu’à sa destruction par Hammu-rabi de Babylone vers 1760 av. J.-C., nous est par ailleurs très bien connue par les quelque 15 000 tablettes cunéiformes retrouvées dans le palais.
Fouillée depuis 1933, la ville de Mari est loin d’avoir livré toutes ses richesses. Les fouilles, financées par le MAEE et dirigées aujourd’hui par P. Butterlin (Université Paris I Panthéon-Sorbonne), se poursuivent, combinées à un programme de préservation et de présentation des vestiges (Total –association pour la sauvegarde de Mari), dans le souci d’intégrer le site dans un programme de développement durable de la vallée.
La mission archéologique française de Mari (Syrie) a débuté ses travaux en 1933, sous la direction d’André Parrot. Elle a depuis été financée par le ministère des affaires étrangères. 47 campagnes se sont déroulées à ce jour, sous la direction d’André Parrot (1933-1974), Jean Margueron (1979-2004) et depuis 2004 de Pascal Butterlin (Université Paris I Panthéon-Sorbonne). Depuis plus de 75 ans, ce site exceptionnel a livré des informations capitales sur l’histoire des premières Cités de Mésopotamie : Mari fut l’une des capitales du pays de Sumer et d’Akkad, construite en -2900 et détruite à deux reprises en 2320 et 1761 avant notre ère. Ces destructions expliquent le remarquable état de conservation des vestiges qui résultent pour l’essentiel de la dégradation d’une architecture de terre arrivée à un très haut niveau de sophistication, dans une société urbaine, dominée par une puissante élite de hauts fonctionnaires et de prêtres lettrés. Pris dans les décombres de ces murs de briques, des milliers d’objets, notamment une impressionnante série de statuettes et de tablettes, ont permis de saisir les contours d’une société complexe, où cohabitent semi-nomades et sédentaires, qui parlaient pour l’essentiel des langues sémitiques anciennes, au premier chef l’Akkadien, puis des langues occidentales, l’Amorrite. Mari est ainsi l’une des plus anciennes villes de l’histoire, aujourd’hui un site dévasté par la guerre.
- Le programme Monuments d’Orient
- Le Grand palais Royal de Mari
- Mari : le temple d’Ishtar revisité
- Mari et le Moyen Euphrate aux 3e et 2e millénaires : aspects philologiques
Liens internet
Bibliographie
- P. Butterlin 2013 « Limites urbaines et enceintes fortifiées, éléments de topologie urbaine au Proche-Orient ancien au III e millénaire avant notre ère », Cahiers des thèmes transversaux d’ArScan XI 2011-2012, thème VIII, bâti et habitat, p. 255-263.
- P. Butterlin 2014 a (dir.) Voués à Ishtar, Syrie janvier 1934, André Parrot découvre Mari, guides archéologiques N°11, Presses de l’IFPO, Beyrouth.
- P. Butterlin 2014 b « André Parrot et la découverte du temple d’Ishtar en perspective », dans P. Butterlin et S. Cluzan (dir.), Voués à Ishtar, Syrie janvier 1934, André Parrot découvre Mari, guides archéologiques N°11, Presses de l’IFPO, Beyrouth, p. 31-113.
- P. Butterlin 2014 c « les vases en chlorite du temple d’Ishtar et le « système-monde » sumérien », dans P. Butterlin et S. Cluzan (dir.) Voués à Ishtar, Syrie janvier 1934, André Parrot découvre Mari, guides archéologiques N°11, Presses de l’IFPO, Beyrouth , p. 175-189.
- P. Butterlin 2014 e « L’archéologie orientale entre Babel imaginée et cités invisibles », Perspective 2014-2, p. 239-245.
- P. Butterlin 2014 f « Les recherches de Jean Margueron à Mari et leurs enjeux », dans J.L Fenollos (dir), Redonner vie aux Mésopotamiens, mélanges offerts à Jean Margueron à l’occasion de son 80 e anniversaire Cuadernos Mesopotamicaos N° 4, p. 31-46.
- P. Butterlin 2014 g « Mari, capitale sur l’Euphrate », dans La science au présent 2014, Encyclopaedia universalis, p. 198-207.
- P. Butterlin (dir.) 2015 a “mission archéologique française de Tell Hariri Mari: rapport préliminaire à l’issue de la 42 ème campagne (septembre-octobre 2005), Akh Purattim 3, p. 209-225.
- P. Butterlin (dir.) 2015 b “mission archéologique française de Tell Hariri Mari: rapport préliminaire à l’issue de la 43 ème campagne (septembre-octobre 2006), Akh Purattim 3, p. 225-247.