Une archéologie de la Cité grecque : Présentation
Responsables : Alain DUPLOUY (Paris 1), Roland ÉTIENNE (Paris 1), Francis PROST (Paris 1), Alain SCHNAPP (Paris 1), Pierre ROUILLARD (CNRS)
Apport de la culture matérielle à une définition des poleis archaïques et classiques
Entre 1993 et 2003, le Copenhagen Polis Centre a mené, sous la direction de Mogens Herman Hansen, une vaste entreprise de définition de la cité grecque. Ces travaux ont abouti à la constitution d’un volumineux Inventory of Archaic and Classical Poleis (Oxford, 2004). Ouvrage d’une incontestable utilité, ce répertoire repose sur une réflexion nourrie sur la cité grecque, que tout historien, tout archéologue se doit de prendre en compte dans ses propres recherches sur la cité grecque.
Notre équipe se propose en particulier de confronter le bilan et les voies de recherches du Copenhagen Polis Centre à une approche archéologique de la cité grecque.
La culture matérielle occupe d’ailleurs, il faut le souligner, une place significative dans l’entreprise danoise, quoique paradoxale. D’une part, M. Hansen et ses collaborateurs sont assurément parmi les premiers à avoir tiré parti de manière complète et systématique des nombreux surveys qui documentent les campagnes de Grèce.
Les enceintes civiques et l’architecture monumentale à usage politique retiennent également leur attention, comme marqueurs de la cité grecque. Les travaux de Hansen font ainsi un usage particultièrement moderne d’une certaine science archéologique. Mais d’autre part, le Copenhagen Polis Centre dénie à d’autres documents archéologiques tout intérêt dans la définition des citoyens, des identités civiques, des fonctionnements politiques, etc…
Des pans entiers de la culture matérielle sont ainsi négligés : la sculpture, la coroplastie, l’architecture cultuelle ne sont pas censées offrir matière à une discussion proprement politique. Des contextes aussi importants que les nécropoles et les sanctuaires sont ainsi pour l’essentiel passés sous silence.
Il s’agira en ce sens de réfléchir à l’apport de la culture matérielle à la définition de la cité grecque, mais aussi à la caractérisation de celle-ci par rapport aux sociétés périphériques ou antérieures. À la différence des civilisations mycénienne, lydienne ou égyptienne, les Phéniciens, les Étrusques puis les Romains ont eux aussi développé et expérimenté une forme de société basée sur la cité-État. Tout en mesurant l’écart entre elles, il s’agira d’évaluer la part d’originalité, voire la dette, de la cité grecque face à ces autres formes d’État.
Notre séminaire hebdomadaire permettra de faire le point entre conférenciers invités et enseignants-chercheurs de l’équipe sur l’apport de la culture matérielle à la définition de la cité grecque.