Mission archéologique de Peramagron (Kurdistan Irakien)
La mission archéologique du Peramagron, créée en 2011, à la suite d’une mission exploratoire menée en septembre 2010, a débuté par une prospection dans la haute vallée du Tanjaro, au pied du Baranand, à proximité immédiate de Souleymanieh. Au terme de la prospection, nous avons sélectionné quatre sites voisins complémentaires, Kunara, Bingird, Kalespi et Kamala pour y entreprendre des fouilles et des sondages, notre objectif étant de proposer un premier aperçu des occupations anciennes de cette vallée.
En 2012, en collaboration avec la direction des Antiquités de Suleymaniyeh et la direction générale des Antiquités du Kurdistan, nous avons entrepris des fouilles sur un des sites cartographiés, Kunara. Notre mission s’inscrit dans un mouvement global de relance de l’archéologie en Irak, tout particulièrement au Kurdistan. La multiplication des missions archéologiques ces dernières années est largement couverte par les médias locaux et internationaux et donne lieu à de nombreux événements scientifiques (colloque, table ronde).
Dirigée par Christine Kepinski, assistée d’Aline Tenu, puis à partir de 2015 par Aline Tenu, la mission comprend des scientifiques issus de différentes équipes du CNRS, de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, de l’université de Strasbourg de l’EHESS, de l’université d’Oxford, de l’Université de Liège, de l’université de Chypre, statutaires, doctorant(e)s ou post-doctorant(e)s mais aussi des membres d’Eveha, société privée d’archéologie. Elle a également pour vocation de participer à la formation de jeunes archéologues du Département des Antiquités et des universités d’Erbil et de Suleymaniyeh.
Située dans la proche banlieue de Suleymaniyeh, Kunara est localisé sur la rive droite d’un des bras du Tanjaro. Ce cours d’eau pérenne, qui forme avec le Sirwan, venu d’Iran, la Diyala, appartient au bassin du Tigre. La vallée dans laquelle coule le Tanjaro est dominé par le Peramagron, qui donne son nom à la mission archéologique, et qui domine le paysage du haut de ses 2613 m. Vers l’est, le relief est beaucoup plus accidenté. Kunara se trouve ainsi au cœur d’un espace de circulation orienté nord-ouest/sud-est.
Le climat actuel n’a probablement pas beaucoup changé depuis l’Antiquité. Les étés sont chauds avec de nombreuses journées où la température dépasse 40° et les hivers froids, souvent caractérisées par des gelées nocturnes et de la neige. Les précipitations sont importantes (env. 745 mm/an), mais très inégalement réparties dans l’année. Alors que pas une goutte de pluie ne tombe en été, les mois de décembre à avril reçoivent plus de 100 mm de précipitation.
Kunara couvre un peu moins de 10 ha et comporte d’ouest en est, une ville haute, une ville basse et une ville « ultra-basse », cette dernière étant encore cultivée aujourd’hui. Depuis 2012, cinq chantiers ont été ouverts : un en ville haute (chantier A) et quatre en ville basse (B, C, D et E). Ils esquissent le profil d’une implantation urbaine, particulièrement florissante vers 2200-2100 av. J.-C., ainsi que le révèlent la qualité du bâti, le raffinement de nombreuses pièces céramiques, le recours à la pratique du scellement, l’insertion dans des réseaux d’échanges à longue distance ainsi que l’usage inattendu de l’écrit.