Mission archéologique de Peramagron (Kurdistan Irakien)
La mission archéologique du Peramagron, créée en 2011, à la suite d’une mission exploratoire menée en septembre 2010, a débuté par une prospection dans la haute vallée du Tanjaro, au pied du Baranand, à proximité immédiate de Souleymanieh. Au terme de la prospection, nous avons sélectionné trois sites voisins complémentaires, Kunara, Bingird et Kalespi pour y entreprendre des fouilles et des sondages, notre objectif étant de proposer un premier aperçu des occupations anciennes de cette vallée.
Deux campagnes de fouilles se sont déroulées en 2012 et 2013 en collaboration avec le Département des Antiquités de Souleymanieh sur un des sites cartographiés, Kunara. Notre mission s’inscrit dans un mouvement global de relance de l’archéologie en Irak, tout particulièrement au Kurdistan. La multiplication des missions archéologiques ces dernières années est largement couverte par les médias locaux et internationaux et donne lieu à de nombreux événements scientifiques (colloque, table ronde).
Dirigée par Christine Kepinski, assistée d’Aline Tenu, la mission comprend des scientifiques issus de différentes équipes du C.N.R.S, de l’Université de Paris I, statutaires, doctorants ou post-doctorants mais aussi des membres d’Eveha, société privée d’archéologie. Elle a pour vocation de participer à la formation de jeunes archéologues du Département des Antiquités et de l’Université de Souleymanieh.
Les quatre chantiers ouverts en 2012 et 2013 esquissent le profil d’une implantation urbaine couvrant environ 7 hectares. A l’est et sur la ville basse, un complexe monumental comprenant plusieurs édifices imposants est entouré de maisons et de zones d’activités artisanales. Un des bâtiments est véritablement monumental (environ 60m x 25m) ; il s’agit probablement soit d’un palais soit d’un vaste entrepôt. A l’ouest, la ville haute comprend, au sommet d’une plateforme en sable construite sur des vestiges plus anciens, un autre bâtiment monumental fortifié, à caractère religieux ou militaire, auquel on accède par une série d’escaliers.
Du point de vue historique, les données fournies tant par l’architecture ou la céramique que par la glyptique indiqueraient une datation située entre les périodes akkadienne (2350-2150 av. J.-C), Ur III (2100-2000 av. J.-C.) et Isin-Larsa (2000-1800 av. J.-C.). La question de l’opportunité d’appliquer ces dénominations à cette région se pose. On peut se demander en effet qui l’occupe, quel est son degré d’indépendance à l’égard des grandes puissances environnantes de Mésopotamie, d’Elam ou du plateau iranien, quel est son lien avec les pays du Lullubum ou de Simurrum, mentionnés par les sources écrites qui pourraient bien se situer dans la vallée du Tanjaro. Tenter de répondre à ces questions représente tout l’enjeu des fouilles à venir. On émet l’hypothèse que Kunara est une ville majeure, voire une capitale du royaume du Lullubum.