L’Asie centrale, dans l’acception large de l’expression (celle de l’UNESCO), occupe une aire immense, de la mer Noire à la Chine en passant par l’Inde. Cet espace clé pour la compréhension des civilisations eurasiatiques correspond au concept métaphorique des « routes de la Soie ». C’est une aire d’interactions dont l’étude nécessite la prise en compte de vastes territoires, sur la longue durée. Cette approche ample caractérise l’équipe. Elle favorise une réflexion transversale autour de grandes questions historiques qui sous-tendent les recherches en Eurasie : des formes particulières de néolithisation ; des développements urbains et non urbains originaux ; le phénomène du pastoralisme nomade monté ; les mouvements de populations ; les itinéraires, les modalités et l’économie des échanges avec le Moyen Orient, l’Inde et la Chine ; ou encore l’administration des empires. Elle a pour ambition de corriger la vision morcelée de l’histoire eurasiatique, du Paléolithique à l’Antiquité et, de façon plus ponctuelle, à l’époque médiévale.

Dans cette perspective, l’équipe, originellement centrée sur l’étude des civilisations anciennes de la Bactriane afghane, a progressivement étendu ses recherches aux ex-républiques soviétiques d’Asie centrale, puis à la Chine et au sous-continent indo-pakistanais. Ses programmes ont longtemps été articulés autour des deux ensembles géoculturels ayant façonné le mode de vie mobile ou sédentaire des populations centrasiatiques au cours des âges : les steppes et les oasis. Ils ont été élargis à l’Asie dite moyenne, intégrant l’Iran oriental et les ouvertures maritimes d’Arabie et du Pakistan, et plus récemment au Bangladesh et à des zones encore peu explorées du Haut Indus et des régions trans-himalayennes. L’équipe est aujourd’hui la seule pouvant recueillir des données complexes directement et de manière coordonnée sur ces territoires.

Ces évolutions visent à faire émerger une forme de connaissance en réseau génératrice de synergies nouvelles se déployant dans des études en très longue durée et à différentes échelles. L’accent est mis sur les interfaces entre les différents ensembles chronologiques et culturels et sur l’identification, la caractérisation et l’évolution des réseaux d’échanges. Il s’agit notamment de reconsidérer l’étude des grands itinéraires d’interactions est-ouest et nord-sud (les « routes dites de la Soie » et leurs antécédents, les « routes de l’Inde » et celles des steppes).

Des approches typo-technologiques transversales (pyrotechnologies, lithique, pierres dures) nourrissent le dialogue sur la localisation des gisements, les savoir-faire et la spécialisation artisanale. Des travaux pluridisciplinaires originaux sur la couleur et les biomatériaux (corps gelés ou desséchés de l’Altaï et du Xinjiang, textiles, vanneries et autres matières périssables) exigent l’invention de procédures novatrices et de collaborations inédites. La prise en compte des images, associée à une réflexion théorique sur les arts est aussi une originalité de nos approches, à laquelle s’ajoute celle sur la dimension cognitive des méthodes et des interprétations.

Les activités de l’équipe se structurent autour de 8 missions archéologiques, fondées sur de solides partenariats internationaux, dans 8 pays. Ces missions qui ont en commun des problématiques d’identités et trajectoires culturelles, de dynamiques de peuplement et de coévolution des sociétés et des environnements (domestication, irrigation…), en lien avec les enjeux globaux actuels (désertification notamment).

Nos travaux se déclinent en 4 thématiques de recherche se développant chacune en plusieurs programmes, tous pluridisciplinaires : 1. Émergence des civilisations et dynamiques de peuplement ; 2. Productions matérielles ; 3. Pratiques funéraires et rituelles, symboles et représentations ; 4. Interactions. Le concept de frontière fait aussi l’objet d’une attention particulière, à travers le projet ANR JCJC FRONTIER. Imperialism at the edge: Central Asian empires on the borderlands during Antiquity.