Soutenance de thèse Akane Hori, “Pour une archéologie de la construction des châteaux et jardins de Noisy, Marly, Versailles (Île-de-France), XVIe-XVIIIe siècles.

Cette thèse étudie les matériaux de construction dans l’ouest de l’Île-de-France à travers une approche croisée entre archéologie et histoire. En s’appuyant sur les châteaux de Noisy, Marly et Versailles, elle examine la nature, l’origine, la mise en œuvre et l’acheminement des matériaux utilisés entre le XVIe et le début du XVIIIe siècle.

Structurée en trois parties, la recherche débute par un état de l’art historiographique sur l’étude des matériaux de construction. Elle offre également un panorama des développements récents dans deux domaines spécialisés de l’archéologie : l’archéologie des châteaux et celle des jardins modernes.

La deuxième partie analyse les vestiges issus de fouilles, révélant une diversité de matériaux (pierre, mortier, plâtre, terre cuite, métal, bois et verre) et une forte valorisation des ressources locales, notamment le calcaire lutétien, la meulière, le grès et le plâtre. Le cas du château de Noisy, remarquablement conservé, permet d’observer des techniques traditionnelles souvent méconnues, comme dans la grotte artificielle du XVIe siècle ou les fours du XVIIe siècle.

La troisième partie élargit la réflexion à l’approvisionnement. L’étude met en lumière les réseaux complexes de transport, fluviaux et terrestres, avec des ports comme Le Pecq et Marly, qui ont joué un rôle majeur dans l’acheminement des matériaux pondéreux nécessaires aux grands chantiers de la région. La circulation des matériaux dépendait de nombreux facteurs : politique, ressources disponibles, infrastructures et savoir-faire spécifiques. Ces contraintes logistiques étaient d’autant plus importantes que les matériaux étaient souvent lourds, fragiles ou volumineux, rendant leur transport complexe.

Ce travail souligne l’importance d’étudier les matériaux considérés comme « ordinaires », souvent négligés dans les recherches centrées sur les éléments décoratifs. En fournissant des données inédites sur leurs dimensions, leurs traces d’outils et leurs usages, cette thèse comble une lacune dans l’étude des techniques de construction. Elle propose ainsi une nouvelle lecture des édifices, intégrant les aspects matériels et techniques au-delà des seules considérations stylistiques.

En conclusion, cette recherche met en évidence la complexité des dynamiques de construction aux temps modernes, et invite à poursuivre la recherche sur les relations entre les matériaux, les techniques et les territoires.